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Des islamistes traquent les pirates du supertanker saoudien

Des insurgés islamistes somaliens ont entrepris de traquer le groupe de pirates responsable du détournement d'un pétrolier géant saoudien, le Sirius Star. "L'Arabie saoudite est un pays musulman", a justifié leur porte-parole.

MOGADISCIO, 21 novembre (Reuters) - Des dizaines d'insurgés islamistes somaliens ont entrepris vendredi de traquer, dans la région du port d'Haradheere, le groupe de pirates responsable du détournement d'un pétrolier géant saoudien, le Sirius Star, au large des côtes du pays.

"L'Arabie saoudite est un pays musulman et détourner son navire est un crime plus grave que s'il s'agissait d'autres navires", a déclaré à Reuters le cheikh Abdirahim Isse Adow, un porte-parole des insurgés."Haradheere est sous notre contrôle et nous devons faire quelque chose pour ce navire", a-t-il dit. Le Sirius Star - avec sa cargaison pétrolière d'une valeur de 100 millions de dollars et ses 25 membres d'équipage philippins, saoudiens, croates, polonais et britanniques, aurait, pense-t-on, jeté l'ancre au large de Haradheere.

Ni la marine américaine ni Vela International, filiale de Saudi Aramco et propriétaire du navire, n'ont confirmé des informations de presse selon lesquelles les pirates exigent une rançon de 25 millions de dollars.

Il s'agirait, si elle est avérée, de la plus forte demande de rançon faite à ce jour par les pirates qui infestent les eaux du golfe d'Aden et de l'océan Indien au large de la Somalie.

Illustration du chaos qui règne en Somalie et qui alimente la piraterie, les policiers de Mogadiscio ont déclaré avoir pris en embuscade et tué 17 combattants du groupe islamiste al Chabaab, qui avaient l'intention d'assassiner un haut responsable.

Les combattants d'al Chabaab portaient des foulards noirs aux inscriptions arabes et se rendaient au domicile du chef du quartier de Madina, aux premières heures de vendredi, lorsque les policiers, avertis, les ont pris par surprise.

Les islamistes sont en guerre contre le gouvernement de transition et ses alliés éthiopiens depuis deux ans. Ils lancent presque chaque jour des opérations de guérilla dans Mogadiscio et contrôlent la majeure partie du sud de la Soamlie, jusqu'à une ville située à une quinzaine de km de la capitale.

Les chefs des groupes insurgés islamistes démentent toute collusion avec les pirates et assurent qu'ils réprimeront la piraterie s'ils reviennent au pouvoir. A cet égard, ils rappellent qu'ils avaient réprimé ce phénomène lorsqu'ils ont été brièvement au pouvoir dans le Sud somalien, en 2006.

APPEL DU KENYA AU MONDE ENTIER

Des experts battent en brèche ces grandes proclamations et estiment que les islamistes tirent parti de l'activité de piraterie et des livraisons d'armes facilitées par les pirates. Certains experts accusent aussi des personnalités membres du gouvernement de collaboration avec les boucaniers.

A Haradheere, le notable a déclaré à Reuters que les islamistes étaient arrivés avec l'intention de trouver rapidement le Sirius Star, qui a été détourné samedi dernier à environ 450 miles nautiques au large du Kenya.

"Les islamistes sont arrivés en cherchant où se trouvent les pirates et le navire saoudien", a dit l'ancien. "J'ai vu quatre véhicules bondés d'islamistes, circulant à travers la ville".

Le détournement du Sirius Star est la plus grosse prise à ce jour des pirates somaliens. La multiplication des actes de piraterie dans la région depuis le début de l'année a conduit certaines compagnies d'assurances à augmenter fortement leurs tarifs et certains armateurs font contourner désormais l'Afrique à leurs bateaux via le cap de Bonne-Espérance, pour éviter qu'ils ne passent par le golfe d'Aden trop dangereux.

Les pirates qui ont détourné un navire céréalier battant pavillon de Hong Kong, le Delight, ont formulé certaines exigences pour rendre le navire. Le Delight, qui transporte 36.000 tonnes de blé, a été détourné au large des côtes yéménites cette semaine alors qu'il se rendait d'Allemagne en Iran. Il est affrété par la compagnie maritime iranienne IRISL.

Le ministre des Affaires étrangères kényan, Moses Wetangula, a convoqué des ambassadeurs en poste à Nairobi pour demander à leurs pays de faire tout leur possible pour en finir avec la piraterie. "Agissez maintenant, et non pas demain", leur a-t-il recommandé.