Les adhérents de l’UMP, appelés aux urnes dimanche pour désigner leur nouveau patron, ne connaissent toujours pas le résultat du scrutin. François Fillon et Jean-François Copé, semblent au coude-à-coude, selon les premiers résultats partiels.
L'incertitude pesait dimanche soir sur l'issue de l'élection à la présidence de l'UMP, une
première dans l'histoire du parti néo-gaulliste qui a donné lieu à un âpre duel entre l'ancien Premier ministre François Fillon et le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé.
L'équipe de Jean-François Copé a annoncé dimanche soir qu'elle allait saisir la commission interne (Cocoe) chargée de veiller au bon déroulement de l'élection du président de l'UMP en "portant réclamation" pour le 2e bureau du XVIe arrondissement de Paris.
Selon l'entourage du député-maire de Meaux, il y a 40 bulletins de plus dans l'urne que sur les listes d'émargement. (AFP)
Les camps adverses communiquaient dans la soirée des tendances favorables à leur champion respectif, mais en l'absence d'éléments de référence, il était difficile à 21h30
(20h30 GMT) de livrer une lecture fiable de ce scrutin inédit.
Des membres des deux états-majors évoquaient une participation supérieure à 50% avec un duel serré.
Dans l'entourage de Jean-François Copé, on donnait le député-maire de Meaux en tête avec 2.610 voix d'avance après dépuillement de 138.312 bulletins. Dans l'entourage de François Fillon, on donnait auparavant l'ancien Premier ministre en tête
avec 1.260 voix d'avance après dépouillement de 101.797 votes.
"Je pense qu'on est vraiment en voie de gagner", a déclaré Christian Jacob, chef de file des députés UMP et proche de Jean-François Copé, en arrivant au siège de l'UMP, à Paris.
Plus tôt, le député-maire de Nice Christian Estrosi, soutien de François Fillon, avait assuré sur BFM TV que la victoire était acquise au député de Paris. "Je crois que nous allons vers l'élection de François Fillon", a-t-il affirmé.
"C'est serré", a-t-on simplement déclaré par la suite dans l'entourage de l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy.
Les sondages réalisés auprès de sympathisants UMP ont systématiquement prédit la victoire de François Fillon.
Accusations de fraude
Quelque 300.000 adhérents à jour de cotisation étaient appelés à voter de 09h00 à 18h00 dans 650 bureaux de vote répartis dans les 577 circonscriptions françaises.
Une forte affluence dans certains bureaux a nécessité la prolongation des opérations de vote tandis que le dépouillement débutait dans les autres.
Ainsi François Fillon, député de la 2e circonscription de Paris, a-t-il été contraint d'attendre plus d'une heure pour voter dans une école du 7e arrondissement transformée pour l'occasion en bureau de vote. Jean-François Copé avait voté dimanche matin à Meaux, ville de Seine-et-Marne dont il est maire.
François Fillon et ses soutiens ont imputé les longues files d'attente, dissuasives selon eux, à un défaut d'organisation. Une critique voilée aux "copéistes" qui "tiennent" l'appareil du parti et porteraient la responsabilité de ces dysfonctionnements.
"Ce que je regrette, c'est que l'organisation du vote n'ait pas été plus fluide. Il faudra tirer toutes les leçons de ce scrutin. Les militants qui sont venus voter aujourd'hui sont
vraiment courageux", a déclaré l'ancien Premier ministre à la presse après avoir voté.
Le sénateur Roger Karoutchi, soutien de Jean-François Copé, a déploré sur BFM TV "une pique non justifiée", rappelant que la régularité du scrutin était garantie par la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe) du parti.
Les attaques réciproques ont continué de fuser dimanche après une fin de campagne tendue.
Dans les Alpes-Maritimes, où les deux hommes forts de l'UMP Eric Ciotti et Christian Estrosi soutiennent François Fillon, la maire du Cannet Michèle Tabarot, membre du "ticket" Copé, a dénoncé des "irrégularités".
L'affrontement de deux lignes
Elle a fait état à Nice de "procurations distribuées à l'intérieur du bureau de vote
pendant le déroulement du scrutin" et de "procurations avec des signatures qui ne correspondent pas à la signature de la pièce d'identité présentée".
Les résultats définitifs devraient être proclamés tard dans la soirée.
"On va attendre tranquillement les résultats", a déclaré Jean-François Copé, sans plus de commentaires, à son arrivée au siège de l'UMP peu après 19h30 (18h30 GMT).
Le dépouillement se poursuivait dans les fédérations les plus importantes - Paris, Hauts-de-Seine, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône.
Les adhérents étaient invités à désigner "un ticket" (président, vice-président, secrétaire général) pour un mandat de trois ans.
Ils se prononçaient en parallèle sur différentes "motions" qui, si elles obtiennent au moins 10% des suffrages, deviendront des "mouvements", autre nouveauté à droite.
Deux lignes s'affrontaient dans ce vote : "une droite décomplexée", renouant avec les accents droitiers de Nicolas Sarkozy dans l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012,
défendue "sans tabous" par Jean-François Copé, 48 ans, "le résistant"; une droite à la tonalité plus centriste que François Fillon, 58 ans, "le rassembleur", ambitionne d'incarner à l'élection présidentielle de 2017.
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