logo

L'avance d'Aubry sur Royal pourrait se réduire à 18 voix

Martine Aubry, élue au poste de premier secrétaire du PS avec 42 votes d'avance sur Ségolène Royal, n'aurait plus que 18 voix de plus que sa rivale, après une erreur survenue lors du dépouillement dans la fédération socialiste de Moselle.

Pour revivre la nuit du dépouillement, marquée par une série d'annonces contradictoires, cliquez sur les liens suivants : 

- "Duel serré entre Royal et Aubry"

- "Ségolène Royal demande un nouveau vote"


Retrouver notre dossier : "Le Parti socialiste en quête d'un nouveau souffle"


La rue de Solférino est déserte. Seuls les journalistes font le pied de grue pour tenter d’avoir une information supplémentaire sur cet imbroglio. En vain. En ce lendemain du second tour des élections internes au Parti socialiste (PS), rien ne semble se passer dans l’hôtel particulier parisien qui abrite la direction de la principale formation de gauche du pays. Et pour cause. Le combat entre les deux camps se mène à distance : celui de Ségolène Royal est installé boulevard Raspail et à Melle dans le Poitou, et celui d’Aubry se réunit à Lille. Quelque 42 voix les séparent. Jamais le PS n’avait connu de tels déchirements.

La nuit a été houleuse : la présidente de la région Poitou-Charentes s’apprêtait à fêter sa victoire, quand des rumeurs sur l’avance de Martine Aubry ont commencé à circuler vers 1h30 du matin. "Je ne vais pas me laisser faire", a déclaré Ségolène Royal. Plus tard, des dizaines de militants se sont invectivés devant les grilles du PS. Les résultats officiels tombent au petit matin : la maire de Lille remporte le scrutin avec 50,02% des voix sur les 134 784 suffrages exprimés.

Samedi matin, les "royalistes" soupçonnent des fraudes dans les sections du Nord, département de Martine Aubry, et en Seine-Maritime, fief des fabiusiens. "Il y a eu tricherie", insiste Manuel Valls, un des lieutenants du camp Royal, qui fait le parallèle avec le décompte du scrutin présidentiel américain en Floride en 2000. Le député de l’Essonne appelle à un nouveau scrutin jeudi prochain.

Les "aubrystes" rétorquent que les représentants de la candidate battue ont cosigné les procès-verbaux du scrutin dans les départements incriminés. A leur tour, ils pointent du doigt des fraudes éventuelles dans l'Hérault et en Guadeloupe, où un bond de la participation a bénéficié à Ségolène Royal.

Nouveau rebondissement : la fédération de Moselle annonce, samedi après-midi, qu’elle a attribué par erreur 12 voix à Martine Aubry alors qu'elles étaient destinées à Ségolène Royal. Si la correction mosellane est enregistrée, l'écart entre les deux femmes ne devrait plus être que de 18 voix.

Conseil national du PS mardi soir

Les deux points de vue semblent tellement inconciliables que l’actuel premier secrétaire du PS, François Hollande, est intervenu pour tenter d’éteindre le feu. Resté muet depuis le congrès de Reims - au point de refuser d’y délivrer son discours de clôture -, le maire de Tulle a appelé samedi matin, depuis son fief en Corrèze, "à la responsabilité de chacun et au respect de nos procédures, du vote et de nos instances". En clair, il convoque mardi soir prochain une réunion du Conseil national du PS pour examiner le contentieux et trancher.

Samedi soir, Martine Aubry a tenté d’apaiser le conflit : "dès […] mardi soir, […] je serai le premier secrétaire de tous les militants du Parti socialiste car aucun militant ne doit manquer au parti", a-t-elle déclaré, en appelant à un "renouveau" et une "renaissance" du parti.

Pourtant, un règlement du conflit en interne, par les instances du PS, ne semble pas être du goût du camp Royal. Notamment parce qu’ils sont minoritaires au Conseil national. Manuel Valls refuse tout "petits arrangements entre appareils". "Seul le recours aux militants peut […] dépasser cette crise profonde que nous sommes en train de traverser", a affirmé le maire d’Evry qui menace de porter l’affaire devant la justice.

"Talent d’autodestruction du PS"

Jusqu’où iront les divisions du PS ? Là encore, le premier secrétaire sortant joue le rôle de pompier : "Le risque n'est pas du tout de scission ou d'éclatement, c'est un risque de confusion. L'esprit de rassemblement doit l'emporter sur toute autre considération." L’affrontement entre les deux camps, de force égale, pourrait pourtant durer longtemps. Selon Roselyne Febvre, spécialiste politique sur FRANCE 24, il est difficile d’imaginer "Ségolène Royal rentrer dans le rang. La haine entre ces deux femmes est palpable. Le PS boit le calice jusqu’à la lie."

La situation fait en tout cas les choux gras de la droite. "Ce parti a implosé", remarque Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’Union pour un mouvement populaire (UMP). Dominique Paillé, autre porte-parole du parti présidentiel, ironise : "Je salue le talent d'autodestruction du PS", qui démontre un "art consommé de la volonté de disparaître".

 


Regardez aussi notre reportage "Dans un bastion du 'Tout sauf Ségolène' "