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L'informaticien du "Vatileaks" condamné à la prison avec sursis

Le tribunal du Vatican a condamné l'informaticien Claudio Sciarpelletti à deux mois de prison avec sursis pour avoir entravé l'enquête sur le majordome du pape, Paolo Gabriele, dans l'affaire "Vatileaks".

Claudio Sciarpelletti, un informaticien du Vatican, a été reconnu coupable samedi d'entrave à la justice et condamné à deux mois de prison avec sursis dans le cadre de l'affaire dite "VatiLeaks", pour laquelle l'ex-majordome de Benoît XVI a été condamné le mois dernier à dix-huit mois de réclusion.

L'informaticien n'a pas été reconnu coupable de complicité dans la divulgation de documents dérobés dans les appartements du pape mais d'entrave à la justice pour avoir modifié sa version des faits à plusieurs reprises.

Ses avocats ont annoncé qu'ils allaient faire appel de la condamnation, expliquant les errements de leur client par son désarroi à la suite de son arrestation.

"Pourquoi un homme qui a tant à perdre, son travail, sa réputation, ferait-il obstacle à la justice pour le simple bénéfice d'un autre homme ?", s'est interrogé l'un des avocats,
Gianluca Benedetti.

Lors de son interrogatoire, en mai et juin, Claudio Sciarpelletti, 48 ans, a livré aux enquêteurs des réponses "indécises et contradictoires", selon l'acte d'inculpation.

La nuit de son arrestation, l'informaticien rattaché à la Secrétairerie d'Etat du Vatican disait ainsi n'entretenir que des "relations de travail" avec le majordome du pape, Paolo Gabriele.

Il a déclaré par la suite que celui-ci était un ami et que leurs deux familles se fréquentaient.

Quant à l'enveloppe scellée marquée "personnelle" trouvée dans son bureau et destinée à l'ancien majordome, et qui contenait des documents en rapport avec un livre sur la corruption et les intrigues au Vatican du journaliste italien Gianluigi Nuzzi, l'informaticien a d'abord affirmé qu'elle lui avait été remise par Paolo Gabriele.

"Vous devez me pardonner"

Il a ensuite changé de version et affirmé aux enquêteurs qu'elle lui avait été confiée par une tierce personne, seulement identifiée sous la lettre de W, puis encore par une autre, X.

Témoignant samedi devant le tribunal du Vatican, Paolo Gabriele a reconnu avoir remis à Sciarpelletti des papiers mais aucun document confidentiel. Il a précisé qu'il voulait simplement avoir l'avis de l'informaticien sur le sentiment de malaise qui régnait d'après lui au Vatican, sur fond de rumeurs de corruption.

Un autre témoin, le supérieur direct de Sciarpelletti, Mgr Carlo Maria Polvani, a déclaré que celui-ci s'était "tout d'un coup replié sur lui-même" et "était devenu d'une humeur sombre".

"Vous devez me pardonner, vous devez me comprendre", lui aurait
un jour dit l'accusé.

Au début de l'enquête, l'informaticien avait affirmé qu'un "monsignor" travaillant à la Secrétairerie d'Etat lui avait donné une enveloppe à remettre à Paolo Gabriele. La défense a demandé à ce que l'accusé soit interrogé à ce sujet mais le président du tribunal a rejeté cette requête.

Le procès de Claudio Sciarpelletti, qui risquait jusqu'à douze mois de prison, avait été ajourné lundi dernier afin de permettre à la défense d'étudier les minutes du procès de Paolo Gabriele.

L'ancien majordome de Benoît XVI a été condamné le 6 octobre à dix-huit mois de prison pour vol aggravé et divulgation de documents confidentiels par le tribunal du Saint-Siège.

Reuters