Embourbé dans un scandale de corruption, Anatoli Serdioukov a été destitué de sa fonction de ministre de la Défense par le président russe et remplacé par l'ancien ministre des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou.
Le président russe Vladimir Poutine a limogé mardi le ministre de la Défense après un vaste scandale de corruption, chargeant un homme de confiance, l'ex-ministre des Situations d'urgence Sergueï Choïgou, de mener à bien les plans "grandioses" de réarmement du pays.
"Etant donné la situation de plus en plus difficile au ministère de la Défense, j'ai pris la décision de libérer de ses fonctions le ministre de la Défense Serdioukov, afin d'établir les conditions d'une enquête objective", a déclaré le président russe, selon des images de la télévision russe.
M. Serdioukov, en poste depuis 2007, est remplacé par Sergueï Choïgou, ancien ministre des Situations d'urgence nommé au début de l'année gouverneur de la région de Moscou, a indiqué M. Poutine, en présence de ce dernier.
Le nouveau ministre "doit être une personne qui sera capable de poursuivre de manière positive le développement dynamique des forces armées, d'assurer la réalisation des commandes militaires d'Etat, et des projets grandioses de réarmement de l'armée que nous nous sommes fixés", a souligné M. Poutine, l'air contrarié.
Vladimir Poutine avait indiqué, avant la présidentielle de mars qui a marqué son retour au Kremlin après deux mandats de président (2000-2008) et un intermède de quatre ans comme Premier ministre, qu'il comptait replacer le complexe militaro-industriel au centre du développement du pays, et avait promis un réarmement "sans précédent" du pays dans les années à venir.
Il avait annoncé que plus de 550 milliards d'euros seraient consacrés à l'industrie de défense sur les dix ans à venir.
Ce limogeage intervient alors que le ministère de la Défense est au cœur d'un important scandale. Le nom de M. Serdioukov pourrait figurer dans cette affaire, selon certains médias.
Fin octobre, plusieurs enquêtes ont été ouvertes à l'encontre d'une société contrôlée par le ministère, Oboronservis, pour fraude lors de la vente de biens immobiliers, de terrains et d'actions lui appartenant.
"S'il y a lieu, il (M. Serdioukov) peut être interrogé dans l'enquête criminelle" sur cette affaire, a déclaré mardi le porte-parole du Comité d'enquête Sergueï Markine à l'agence Itar-Tass.
Selon le comité d'enquête russe, certains responsables du ministère choisissaient les biens immobiliers les plus prestigieux gérés par la société. Ils y investissaient d'énormes sommes provenant du budget russe, puis les revendaient via des entreprises affiliées à Oboronservis à des prix inférieurs à ceux du marché.
Le préjudice occasionné dans la vente de huit biens immobiliers a été chiffré à trois milliards de roubles (74 millions d'euros).
Oboronservis, créé en 2008 par un décret du Kremlin, a des attributions très diverses, allant de la maintenance des équipements de l'armée à la publication d'ouvrages du ministère, en passant par l'organisation du ravitaillement des troupes.
AFP