logo

Louis Gallois propose bien un "choc de compétitivité" de 30 milliards d'euros

L’ex-patron d’EADS a remis lundi 5 novembre son très attendu rapport qui doit déboucher sur une série de mesures visant à améliorer la compétitivité des entreprises françaises. Mais il n’est pas le seul à avoir soumis des propositions en ce sens.

"Je propose 22 mesures principales pour arrêter la glissade, arrêter le décrochage, soutenir l'investissement”. C’est ainsi que Louis Gallois, ex-patron d’EADS et de la SNCF, a résumé lundi l’ambition de son rapport très attendu sur la compétitivité en France, remis au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Dès mardi, l’équipe gouvernementale au complet doit se réunir en séminaire afin de plancher sur ces propositions et annoncer, dans la foulée, les premières mesures censées améliorer la compétitivité des entreprises françaises.

Preuve de l’importance de l’enjeu, le président français François Hollande a assuré, lundi lors d’un déplacement au Laos qu’il “tirera toutes les conclusions” de ce rapport afin de “tout faire pour l’emploi”. En écho aux déclarations du chef de l’État français, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a affirmé, lundi sur RTL, que la France était “en état d’urgence économique” et que le rapport Gallois devait être “étudié, analysé et respecté”.

it
"Je propose 22 mesures principales"

Si les propositions de ce document n’ont pas encore été rendues publiques - son auteur doit les préciser lors d’un passage lundi 5 novembre au journal de 20h de France 2 - elles ont largement fait l’objet de fuites dans la presse. Mais les remèdes préconisés par Louis Gallois ne sont pas les seuls sur la table gouvernementale. Arnaud Montebourg a, de son côté, remis mi-octobre ses propres propositions sur la question.

Le ministre du Redressement productif et Louis Gallois partent du même constat : depuis 10 ans, la compétitivité des entreprises françaises s’est étiolée. Les parts de marché françaises dans le commerce mondial ont baissé, sur cette période, de 40 %.

Pour autant, les deux promoteurs d’une nouvelle donne pour les entreprises françaises n’arrivent pas toujours aux mêmes conclusions. S’ils sont d’accord sur le principe d’une baisse des charges sociales, ils diffèrent sur les détails de ce “choc de compétitivité”. Résumé des pistes étudiées:

Le “choc de compétitivité”

- Pour Louis Gallois : parmi les 22 propositions faites par l’ex-patron d’EADS, c'est celle qui a fait couler le plus d’encre. Louis Gallois a confirmé, lundi, qu’il préconisait une baisse des cotisations sociales de 30 milliards d’euros.

Le rapport propose ainsi de réduire les charges patronales de 20 milliards d’euros et  salariales de 10 milliards d’euros. Ces allègements concerneraient tous les salariés qui touchent moins de 3,5 fois le Smic, soit environ 5 000 euros par mois.

- Pour Arnaud Montebourg : dans son “memorandum en faveur d'un dispositif de relance productive” que le quotidien Les Echos a pu consulter, le ministre du Redressement productif met l’accent sur les charges patronales. Il propose de les baisser de 20 milliards d’euros. Cet allègement concernerait les salariés touchant entre 1,6 et 2,5 fois le Smic.

Comment financer ce “choc” ?

it
"Louis Gallois sait que son rapport est très controversé"

- Pour Louis Gallois : les allègements des cotisations préconisés par le rapport représentent 1,5% du PIB total de la France, soit un sérieux manque à gagner pour les caisses de la sécurité sociale qu’il faut combler. A cette fin, Louis Gallois propose de financer les deux tiers de son "choc de compétitivité" par une hausse de la CSG (contribution sociale généralisée qui est prélevée directement sur les salaires).
Il rejoint, sur ce point, en partie ce qu’assurait le Medef : qu’il faudrait passer par une augmentation de la TVA et de la CSG et par une nouvelle baisse des dépenses de l’État.

Pour l’heure, le gouvernement semble vouloir exclure une hausse de la TVA ou de la CSG en 2013 pour éviter ce que Benoît Hamon, ministre de l’Économie sociale et solidaire, a appelé dimanche un “choc sur le pouvoir d’achat”.

- Pour Arnaud Montebourg : le ministre du Redressement productif veut mettre à contribution les “secteurs protégés”. Il s’agit des filières peu soumises à la concurrence de pays à faible coût de main d’œuvre comme la banque, l’immobilier ou encore la restauration.

Il serait également en faveur d’une diminution des aides publiques aux collectivités territoriales, d’une augmentation des prélèvements sur les “retraités les plus fortunés” et de l’instauration d’une “taxe carbone aux frontières” (sur les importations polluantes). Une palette de mesures qui permettrait d’atteindre, sur deux ou trois ans, 19 milliards d’euros de recettes fiscales.

Il n’y a pas que les cotisations sociales dans la compétitivité

- Pour Louis Gallois : les autres mesures concernent le soutien aux industries innovantes et à tout ce qui a trait à la compétitivité hors coût du travail. Selon Les Échos, le rapport Gallois suggère de ne pas toucher à certains dispositifs comme le crédit d'impôt recherche ou les incitations fiscales aux jeunes entreprises innovantes. L’ex-patron d’EADS préconise aussi de soutenir en priorité trois secteurs porteurs pour l’avenir qui seraient : les technologies génériques (les nanotechnologies ou la biotechnologie industrielle), la transition énergétique et la santé. Le rapport suggère également d’aider les secteurs industriels où la France est traditionnellement très forte comme l’aéronautique, tout en mettant en place un nouveau pacte pour les PME aux contours encore à définir.

- Pour Arnaud Montebourg : le memorandum se concentre sur la baisse des charges patronales, mais le ministre du Redressement productif n’a jamais caché que la compétitivité ne s’arrêtait pas pour lui aux portes du coût du travail. En fait, depuis quelques semaines, le gouvernement répète qu’il existe d’autres moyens d’améliorer la compétitivité et que la question des cotisations sociales n’était pas “l’alpha et l’omega” du débat, selon Jean-Marc Ayrault.

Ainsi, Arnaud Montebourg juge dans ses propositions que seules les entreprises innovantes devraient bénéficier des allègements de charge. C’est ce qu’il appelle le “donnant-donnant” : seuls les investissements “créateurs de nouveaux produits ou processus” seraient ainsi récompensés par une baisse des cotisations.