logo

Pour venir en aide aux sans-abri, le gouvernement dresse un "inventaire" des logements vides

Le Premier ministre français a annoncé, ce jeudi, qu'un "inventaire" des bâtiments vides pouvant être réquisitionnés pour loger les personnes sans abri était en cours. Il a également promis de mettre fin à la "politique du thermomètre".

Les autorités françaises sont-elles prêtes à réquisitionner des bâtiments vacants pour y loger des sans-abri ? C'est la ministre du Logement, Cécile Duflot, qui a remis le sujet sur la table en annonçant samedi, après une rencontre avec des acteurs associatifs, qu'elle n'excluait pas d'avoir recours à cette mesure pour faire face à la situation des personnes sans logis.

Interrogé sur ce thème, ce jeudi 1er novembre, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a, à son tour, confirmé que des réquisitions pourraient être décidées, son entourage précisant même que les premières opérations pourraient avoir lieu "en janvier ou février 2013".

Un "inventaire" des bâtiments vides

Jean-Marc Ayrault, en visite dans le centre gérant les appels au Samu social (115) du Val-de-Marne, à Créteil, a expliqué que la ministre du Logement était en train de faire "un inventaire des bâtiments disponibles".

"Ce sera souvent des bâtiments appartenant à des institutions, des administrations, des grandes entreprises, a déclaré le Premier ministre. Cet inventaire est en cours, nous en aurons le résultat dans quelques semaines. Ensuite, nous prendrons nos décisions en fonction des besoins, dans le respect du droit et de la propriété. Mais les lois existent et nous entendons les appliquer."

La possibilité de réquisition de logements vacants est prévue par une ordonnance du 11 octobre 1945 promulguée pour lutter contre la crise du logement. Elle a été abondamment employée jusque dans les années 1960, au cours desquelles plus de 100 000 arrêtés de réquisitions ont été pris, indique l'association Droit au logement (DAL).

La procédure de réquisition est désormais rarement utilisée alors que les associations constatent une hausse des demandes d'hébergement de personnes se retrouvant à la rue. À Paris, 400 appels sur les 1 200 que reçoit le Samu social chaque soir restent sans solution. Au 115 du SIAO de Créteil, seules 11 places d'hébergement d'urgence pour personnes sans domicile fixe (SDF) étaient disponibles jeudi matin.

"La loi n'a pas changé mais la volonté politique a changé, a réagi jeudi Christophe Driesbach, porte-parole du collectif Jeudi Noir, interrogé par FRANCE 24. Le fait que le gouvernement s'empare de ce sujet au début de son mandat est prometteur."

Mettre fin à la "politique du thermomètre"

Outre le recours possible aux réquisitions, le Premier ministre a également promis, jeudi, la fin de la "politique du thermomètre" en matière de gestion des places d'hébergement pour les sans-abri et les mal-logés.

"Nous voulons changer les règles du jeu, faire en sorte que quand la période hivernale s'arrête on ne ferme pas les centres d'hébergement, que ce ne soit pas le thermomètre qui décide notre politique, mais la réalité humaine, sociale, a souligné Jean-Marc Ayrault. Il faut une politique d'ensemble, pas une politique seulement pour l'hiver. À la fin de la période hivernale, tout sera fait pour maintenir ouverts le maximum de centres d'hébergement mais [en insistant sur] l'objectif de l'insertion."

Les associations réclament de longue date la fin de la "politique du thermomètre", qui voit l'ouverture de places d'hébergement supplémentaires - jusqu'à 19 000 pour toute la France - quand les températures baissent. Elles soulignent que les SDF meurent aussi beaucoup en été.

FRANCE 24  avec dépêches