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"Stigmatisé" sur la baisse de la TVA, McDonald's riposte avec "mauvaise foi"

"Nous n'avons pas tiré profit de la baisse de la TVA" : McDonald's répond aux critiques d'un député français dans une campagne de pub et se plaint d'être une cible facile. Mais pour l'économiste Henri Sterdyniak, le groupe joue sur les chiffres.

McDonald's versus Thomas Thévenoud. Dans la bataille qui l'oppose au député français, auteur d'un rapport sur la TVA à taux réduit dans la restauration qui vient d'être remis à l'Assemblée nationale, la plus grande chaîne de restauration rapide du monde tape fort : McDonald's s'est offert, mardi 30 octobre, une pleine page de publicité dans plusieurs grands journaux français.

Ce combat est avant tout une bataille de chiffres. Dans son rapport parlementaire, Thomas Thévenoud affirme que le secteur de la restauration n'a pas respecté les engagements imposés en contrepartie de la baisse de la TVA de 19,6 % à 5,5 %, mise en place en 2009 par le gouvernement précédent (droite, UMP), et prône un relèvement du taux d'imposition. Et le député socialiste de pointer le cas de McDonald's France : le groupe a selon lui engrangé un gain net de 19 millions d'euros grâce à cette mesure.

La réponse de McDonald's est "de mauvaise foi"

Dans la tribune publiée dans la presse, l’entreprise répond point par point à l'élu de Saône-et-Loire. Elle assure avoir dépensé 171 millions d'euros (sur les 190 amassés grâce à la baisse de la TVA à 5,5 %) pour des mesures sociales, d'investissements et de baisse des prix. McDonald's déclare par exemple avoir créé 3 000 emplois supplémentaires par an depuis 2009, avoir réduit de 5 % le prix des menus Big Mac, son produit phare, ou encore avoir diminué l'impact environnemental de ses restaurants.

McDonald's dit aussi avoir dépensé 52 millions d'euros pour financer le relèvement de la hausse de la TVA de 5,5 % à 7 % début 2012 - Thomas Thévenoud, qui assure avoir travaillé à partir des chiffres communiqués par McDonald's, parle, lui, de 35 millions d'euros. Le député avance aussi le fait que l'entreprise n'a dépensé que 136 millions d'euros en investissements, revalorisation salariale et amélioration des conditions de travail.

Alors qui dit vrai ? Selon le quotidien "Le Monde", le fait que le relèvement de la TVA de 5,5 % à 7 % ait coûté plus de 50 millions d'euros "semble difficile à croire". Le journaliste Samuel Laurent estime également que le nombre de  créations d'emplois brandi par McDonald's sont "surévalués". "Baisse de TVA ou non, le groupe crée environ 3 000 emplois par an", écrit le journal.

Pour Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) joint par FRANCE 24, la réponse de McDonald's est bien "de mauvaise foi". "Ce n'est pas le chiffre de 52 millions d'euros qui pose problème, explique-t-il. McDonald's a bien gagné 190 millions d'euros avec la baisse de la TVA puis eu des pertes lors du relèvement à 7 %. Le problème, c'est que l'entreprise comptabilise tous ses investissements comme des charges. En temps normal, une société embauche des salariés, investit... Il n'y a absolument aucun moyen de distinguer ce qui aurait été fait de toute façon et ce qui est lié à la baisse de la TVA."

Dans son communiqué, McDonald's va même jusqu'à conclure qu'après avoir utilisé l'argent de la baisse de la TVA, puis financé le relèvement de 2012, l'entreprise a perdu 33 millions d'euros... "C'est stupide, rétorque Henri Sterdyniak. Les restaurateurs, dans leur ensemble, ont bénéficié d'un gain de près de 3 milliards d'euros. Ils ne peuvent pas parler de pertes !"

Le géant américain du hamburger stigmatisé ?

Si McDonald's a publié ce communiqué, c'est aussi pour dénoncer, affirme le groupe, des "clichés et des raccourcis, visant soit à stigmatiser une entreprise, soit à diviser le secteur de la restauration". Le géant du fast-food a-t-il été stigmatisé ? À l'heure de rendre un rapport critiqué par l'ensemble des acteurs de la restauration, traditionnelle comme rapide, il était sans doute plus facile pour le député socialiste de taper sur les hamburgers américains que sur les bistrots français...

Pour Henri Sterdyniak, ces attaques contre McDonald's ne sont "pas justifiées", tous les restaurateurs ayant bénéficié de la baisse de la TVA. "Cette mesure me semble plus scandaleuse lorsqu'elle concerne les hôtels et restaurants de luxe que lorsqu'elle bénéficie à McDonald's", précise l'économiste.

De son côté, Thomas Thévenoud s'est étonné d'une campagne "hallucinante" de McDonald's France. "Je voudrais leur demander combien ont coûté les pleines pages qu'ils se sont payées dans les journaux", a-t-il ajouté.