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Baseball : quand Hugo Chavez veut organiser les World Series à Caracas...

Le président vénézuélien a proposé d’organiser les prochaines finales du championnat américain de baseball dans son pays, soulignant que ses compatriotes brillent sur les terrains.

Si les Français ne se passionnent pas pour le championnat de baseball des États-Unis, les Vénézueliens, eux, suivent de près la finale qui oppose en ce moment même les Tigers de Detroit aux Giants de San Francisco. Et pour cause : neuf de leurs compatriotes manient la batte sous le feu des projecteurs depuis que la série au meilleur des sept matches a commencé, il y a quatre jours. Le contingent vénézuélien représente un tiers des joueurs sur le terrain, les deux équipes confondues... ce que n’a pas manqué de remarquer le président Hugo Chavez.

“Je pense qu’il va falloir organiser les prochaines World Series [nom donné à la série de matches pour attribuer le titre, NDLR] au Venezuela, parce qu’ils [les joueurs vénézuéliens] sont partout”, a déclaré “El Commandante”, tout juste réélu pour six ans, en s’adressant directement au président américain Barack Obama lors d’une réunion gouvernementale retransmise vendredi à la télévision.

“Que ferait la Ligue de baseball si les Vénézuéliens n’existaient pas ? Le public s’ennuierait”, a ajouté Hugo Chavez avec un sourire de jubilation. En effet, ses compatriotes ne sont pas qu’en nombre important sur le terrain : ils sont aussi les vedettes de la finale. Mercredi, le joueur de San Francisco Pablo Sandoval - alias “Kung Fu Panda” - a apporté la victoire à son équipe dans le premier match en frappant trois home-runs. Du côté de Detroit, dont l’équipe est aujourd’hui menée 3-0 dans la série, on compte sur le meilleur joueur de la saison, Miguel Cabrera, pour remonter la pente.

De plus en plus de Latinos dans l'élite

Hugo Chavez, lui-même grand amateur de baseball et fin manieur du second degré, sait très bien que cette success-story vénézuélienne chez le grand ennemi américain ne suffira pas à délocaliser les matches à Caracas. Le nombre important de joueurs vénézuéliens s’inscrit plutôt dans une tendance générale d’augmentation du nombre de joueurs d’Amérique latine dans l’élite du baseball américain.

Sur les quelque 1 280 joueurs (de 18 nationalités différentes) ayant signé un contrat cette saison avec l’une des 30 franchises de la Ligue, 87 sont vénézuéliens. Il s’agit du deuxième plus gros contingent d’étrangers du championnat derrière les Dominicains, qui sont, eux, une centaine. À titre de comparaison, les ressortissants des États-Unis sont environ 940, soit environ 74 % des effectifs.

Chaque année, l’University of Central Florida publie des statistiques ethniques (par ailleurs interdites par la loi en France) sur les joueurs de baseball. Leurs études indiquent que la proportion de joueurs latinos augmente d’année en année dans les équipes majeures. En 2012, les chercheurs ont dénombré 27 % de joueurs latinos alors qu’ils n’étaient que 13 % en 1990. Dans le même temps, la proportion de joueurs africains-américains a reculé de 17 % à 8,8 %.

Sport-roi au Venezuela

La bonne performance vénézuélienne est donc, aussi, une conséquence de l’histoire récente de ce sport, ce que tend à oublier un peu rapidement le provocateur anti-yankee Hugo Chavez. Tout comme le fait que le baseball ne serait pas devenu le sport numéro 1 chez ses compatriotes s’il n’avait pas été introduit dans son pays par... les expatriés venus des États-Unis pour travailler dans les compagnies pétrolières.

Ironie de l’Histoire : le baseball s’est aussi imposé comme le sport-roi dans le Cuba communiste des frères Castro. Ailleurs sur le continent sud-américain, c’est le football venu d’Europe qui s’est en revanche imposé, au point de devenir parfois une religion.