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L'opposant pakistanais Imran Khan a affirmé, samedi, avoir été interrogé par des agents de l'immigration américaine sur les tirs de drones américains dans son pays alors qu'il était en transit à Toronto pour se rendre aux États-Unis.

L’ancienne star du cricket et opposant pakistanais Imran Khan a dénoncé l'attitude des autorités américaines qui l'ont interrogé, samedi 27 octobre, à Toronto - alors qu'il faisait escale dans la ville canadienne avant de se rendre aux États-Unis - sur les tirs de drones américains dans son pays. "J'ai été débarqué de l'avion et interrogé par l'immigration américaine sur mes positions" sur les tirs de drones américains au Pakistan, a écrit l'opposant sur son compte twitter.

L'interrogatoire lui a fait rater son transit pour les États-Unis. Imran Kahn a donc pris le vol suivant pour assister à une activité de levée de fonds de son parti, à New York.

"Je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont fait ça. Le responsable m'interrogeait sur les drones, mais je pense qu'il ne comprenait même pas lui-même ce qu'il disait", a dit Khan à des journalistes à son arrivée à New York, selon des images de la chaîne pakistanaise GEO.

"Le monde entier connaît ma position sur les drones, je suis contre les tirs de drones et le serai toujours", a-t-il dit plus tard à ses supporteurs lors d'un rassemblement dans la métropole américaine. "Leur ambassadeur (au Pakistan) sait que je serai toujours opposé aux tirs de drones et cela ne l'a pas empêché de m'émettre un visa", a-t-il ajouté.

Son parti, le Mouvement pour la justice (Pakistan Tehreek-e-Insaaf, PTI), a vivement condamné cet interrogatoire et réclamé des excuses de la part des autorités américaines qui se sont refusées à tout commentaire sur l'incident.

Imran Kahn à la tête d'un parti de plus en plus populaire

Imran Khan avait mené le 6 octobre une manifestation contre les tirs de drones américains dans le nord-ouest du Pakistan, accompagné de pacifistes occidentaux qui dénoncent une campagne meurtrière et inhumaine. Les districts reculés et frontaliers de l'Afghanistan, principaux bastions des rebelles taliban et de leurs alliés d'Al-Qaïda dans le pays, sont, depuis 2004, régulièrement visés par des centaines de tirs de drones américains. Cette campagne s'est intensifiée ces dernières années sous le gouvernement de Barack Obama.

Par ailleurs, le PTI a gagné en popularité ces derniers mois en dénonçant la corruption des partis traditionnels au pouvoir. Les détracteurs d'Imran Khan accusent ce dernier de collusion avec les groupes islamistes et lui reprochent de surfer sur le fort sentiment anti-américain de l’opinion publique, en vue des élections générales prévues au début de 2013.

Le Pakistan a toujours officiellement critiqué les drones, dénonçant une atteinte à sa souveraineté mais a, dans les faits, donné son accord tacite à des tirs, selon des observateurs. Les tirs de drones ont aussi contribué à entacher l'image des États-Unis au Pakistan, pays musulman de plus de 180 millions d'habitants.

Selon le sondage de l'institut Gallup diffusé cet été, 49 % des Pakistanais estiment que les États-Unis sont le "pays le plus hostile" à leur égard, loin devant l'Inde (24 %), ennemi historique du Pakistan.

D'après un sondage récent commandé par la BBC, le Pakistan est par ailleurs le seul pays dans le monde où le candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney est plus populaire que le président Barack Obama.

France 24 avec dépêches