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Arrestation de plusieurs opposants à Vladimir Poutine à Moscou

Sergueï Oudaltsov, Alexeï Navalny et plusieurs opposants russes ont été interpellés samedi à Moscou. Accusés de "troubles à l'ordre public", ils participaient à une manifestation de soutien aux détenus politiques interdite par les autorités.

Plusieurs opposants russes, dont Sergueï Oudaltsov et Alexeï Navalny, ont été interpellés samedi à Moscou lors d'une action de soutien aux militants détenus dans le cadre d'une enquête pour "préparation de troubles massifs", ont-ils indiqué sur Twitter.

"Je marchais sur le trottoir. J'ai été interpellé sans explication. Je me trouve dans un autobus" de la police, a écrit sur Twitter Sergueï Oudaltsov, inculpé vendredi dans le cadre de cette enquête et qui encourt dix ans de camp.

Les dernières lois votées à la Douma

- La censure sur Internet : début juillet, Vladimir Poutine, qui en douze ans de pouvoir ne s’était jamais attaqué au monde virtuel, a fait passer une loi à la Douma (chambre basse du Parlement) qui autorise la police à bannir des sites internet sans passer par la justice. La liste noire dépendra de leur bon jugement.

- Pénalisation des manifestations illégales : la Douma a imposé des amendes allant de 10 000 dollars à 31 000 dollars pour les personnes s’affichant dans des manifestations déclarées illégales par la police.
- ONG, ces "agents étrangers": votée début juillet, la loi sur les ONG impose aux organisations financées par des mécènes ou des gouvernements étrangers de se présenter comme des "agents étrangers".

La porte-parole de M. Navalny, Anna Vedouta, a par ailleurs indiqué sur son compte que ce dernier avait été interpellé.

Le dirigeant du mouvement d'opposition Solidarnost, Ilia Iachine, a aussi écrit sur son compte avoir été emmené dans un car de police, où il y a retrouvé Navalny. Il a publié une photo de ce dernier et indiqué qu'ils avaient été emmenés au commissariat.

Ils participaient à une action de protestation non autorisée dans la capitale russe, pour soutenir les militants de l'opposition détenus, sous le slogan "Nous sommes contre la répression et les tortures".

Au moins 200 personnes y ont participé, étroitement surveillées par les forces de l'ordre, venues en grand nombre, selon une journaliste de l'AFP.

Cette action fait notamment référence au cas de Leonid Razvozjaev, inculpé et incarcéré pour "préparation à l'organisation de troubles massifs", qui affirme avoir été enlevé en Ukraine où il avait fui pour demander le statut de réfugié politique.

Il a raconté à des défenseurs des droits de l'homme autorisés à lui rendre visite en prison avoir admis sa culpabilité sous la torture.

L'action prévoyait que des militants se postent tous les 50 mètres sur un trajet allant du siège du FSB (ex-KGB) à la prison Lefortovo, où sont incarcérés Razvozjaev et Konstantin Lebedev, un autre proche d'Oudaltsov, et qu'ils brandissent des pancartes proclamant "Je suis contre la torture et la répression".

Les autres participants à l'action marchaient le long du trajet, avec des rubans blancs - symbole de la contestation du régime de Vladimir Poutine - accrochés à leurs vêtements.

Ce schéma devait permettre de contourner la nouvelle loi adoptée en juin qui instaure des amendes considérables en cas de rassemblement non autorisé ou en cas de troubles à l'ordre public. La législation russe permet en outre de faire un piquet tout seul sans autorisation des autorités.

"Sergueï Oudaltsov, Ilia Iachine et Alexeï Navalny ont été arrêtés pour trouble à l'ordre public, ils seront l'objet de poursuites administratives après avoir été transférés au département de police", a toutefois indiqué un porte-parole de l'antenne moscovite du ministère de l'Intérieur à l'agence Interfax.

Ces interpellations interviennent alors que les opposants russes dénoncent une nouvelle étape dans le durcissement du régime instauré depuis le retour au Kremlin de Vladimir Poutine en mai.

AFP