Accusés d'avoir sous-estimé les risques avant le séisme meurtrier de L'Aquila qui a entraîné la mort de 300 personnes en 2009, des scientifiques italiens ont été condamnés à six ans de prison pour "homicide par imprudence".
Le verdict était particulièrement attendu en Italie. Plus de trois ans après le séisme du 6 avril 2009 qui avait fait plus de 300 morts et ravagé le centre historique de L'Aquila, sept scientifiques italiens, accusés d'avoir négligé des signes précurseurs avant le séisme meurtrier, ont été condamnés, ce lundi 22 octobre, à six ans de prison pour "homicide par imprudence" par le tribunal de cette ville des Abruzzes.
Fin septembre, le parquet avait requis quatre ans de prison contre les sept membres de la Commission italienne "grands risques" : six experts des séismes et le sous-directeur de la protection civile, Bernardo De Bernardinis.
La défense avait réclamé leur acquittement, arguant du fait qu'aucun scientifique ne peut prévoir un tremblement de terre. Jean-Paul Montagner, professeur de sismologie chargé des affaires internationales à l'Institut de physique du globe de Paris, s'était également ému du sort de ses confrères dans les colonnes du Figaro. "Les petites secousses qui précèdent parfois les séismes majeurs ne peuvent être interprétées comme des signes précurseurs qu'a posteriori. Il faut bien comprendre que, dans la plupart des cas, ces petits tremblements de terre ne sont pas suivis de séismes dévastateurs", avait-il alors confié.
"[Cette condamnation] n'est pas une victoire. C'est une tragédie, de toute façon"
La commission "grands risques" s'était réunie à L'Aquila six jours avant le séisme et aucune mesure particulière de précaution n'avait été prise à son issue.
"On ne peut pas appeler ça une victoire. C'est une tragédie, de toute façon, ça ne ramènera pas nos proches", a réagi Aldo Scimia, dont la mère a été tuée dans le séisme.
Peu avant le verdict pourtant, certains Italiens espéraient une lourde condamnation."Ce sera un verdict historique", avait estimé pour sa part Wania della Vigna, une avocate représentant 11 parties civiles, dont quatre étudiants blessés dans l'écroulement de leur foyer. "J'espère qu'ils seront reconnus coupables. Ils avaient une position de responsabilité", avait-elle dit.
Le procureur Fabio Picuti n'avait, quant à lui, pas hésité à établir une comparaison avec l'évaluation des risques terroristes aux États-Unis lors des attentats du 11 septembre 2001.
"Après le 11-Septembre, le rapport qui démontrait une analyse insuffisante des risques en rapport avec l'attentat a conduit à la démission du chef de la CIA et de son adjoint. Cela montre qu'un tel raisonnement existe" ailleurs, avait-il affirmé.
France 24 avec dépêches