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L'affaire Jimmy Savile n'en finit plus d'éclabousser la BBC

Après la mise à l'écart d'un rédacteur en chef de la BBC soupçonné d’avoir déprogrammé un documentaire accusant Jimmy Savile d’agressions sexuelles, le directeur de la chaîne s'est défendu devant les parlementaires d'avoir voulu étouffer l'affaire.

La pression s'accentue sur la BBC. Le nouveau directeur général de la chaîne de télévision britannique, George Entwistle, s'est défendu, ce mardi 23 octobre, devant une commission parlementaire d'avoir contribué à étouffer l'affaire Jimmy Savile, un ancien présentateur vedette de la BBC soupçonné d'agressions sexuelles sur de nombreuses jeunes filles pendant plus de 40 ans.

"C'est une affaire d'une profonde gravité et on ne peut s'y pencher qu'avec un sentiment d'horreur", a déclaré devant la commission médias et culture de la Chambre des communes George Entwistle, nommé en août dernier.

"Des conversations que j'ai pu avoir et des documents que nous avons pu réunir, je n'ai pu trouver aucune preuve d'une quelconque pression de la part de la direction pour renoncer à cette enquête", a-t-il dit.

Démission d'un rédacteur en chef

L'affaire, qui fait grand bruit en Grande-Bretagne et met à mal l'image de la BBC, l'une des institutions du royaume, a provoqué lundi 22 octobre la mise à l'écart d'un rédacteur en chef qui avait empêché, deux mois après la mort de Savile, la diffusion d'un sujet sur l'animateur.

La BBC a ainsi reconnu que l'explication donnée sur le blog du rédacteur en chef Peter Rippon pour justifier le retrait du documentaire était "incorrecte ou incomplète à certains égards" et annoncé qu'il quittait "son poste avec effet immédiat".

La chaîne est soupçonnée d'avoir voulu étouffer l’affaire en déprogrammant, l'an dernier, un documentaire sur ses agissements présumés. La BBC avait indiqué que l'émission avait été supprimée pour des raisons éditoriales, essentiellement le manque de preuves, et non pour étouffer les accusations visant l'une de ses plus grandes stars des années 1970.

Mais, début octobre, ces accusations ont été révélées par un documentaire de la chaîne privée ITV, qui a entraîné une cascade de témoignages et débouché sur un scandale retentissant. Selon la police, qui a lancé une enquête, jusqu'à 200 victimes, pour certaines mineures, pourraient être concernées par les agissements de l'ex-animateur, mort en octobre 2011 à l'âge de 84 ans.

"Toute la nation est consternée"

De son côté, le Premier ministre David Cameron a haussé le ton. "Il y a de graves questions qui méritent réponses. Les enquêtes indépendantes mises en place par la BBC doivent y répondre et je suis sûr qu'elles le feront", a-t-il déclaré. "Toute la nation est consternée, nous sommes tous consternés par les accusations sur les agissements de Jimmy Savile, qui semblent empirer chaque jour."

Le groupe audiovisuel a lancé deux enquêtes internes sur l'affaire, menées par deux personnalités indépendantes, dont Nick Pollard, l'ancien chef de la chaîne privée concurrente Sky News.

Connu pour ses cheveux blond platine, ses costumes tape à l'œil et ses cigares, Jimmy Savile était un célibataire excentrique. Jimmy Savile présentait "Top of the Pops" et "Jim'll Fix It", deux émissions de la BBC regardées par des générations de jeunes Britanniques. Il était aussi engagé dans des causes humanitaires, ce qui lui avait valu d'être anobli par la reine.

France 24 avec dépêches