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Débat présidentiel : l'empire démocrate contre-attaque

Après sa piètre prestation lors du premier débat présidentiel, Barack Obama s’est montré bien plus combatif et convaincant dans ce deuxième face-à-face avec son rival républicain Mitt Romney qui a légèrement "trébuché" sur l'affaire Benghazi.

Il avait été jugé "éteint", "apathique" voire même léthargique. Lors du premier débat du 3 octobre qui l’avait opposé au gouverneur du Massachussetts, Barack Obama avait surtout brillé par son absence et son manque de pugnacité. Une bien médiocre prestation qui lui avait valu, dès le lendemain, un décrochage assez important dans les sondages, la courbe des intentions de vote s’étant érodé de 3 à 4 points en faveur du républicain.

Mais c’est souvent lorsque l’on est dos au mur que l’on révèle le meilleur de soi. Un adage qu’a singulièrement bien illustré le président sortant lors de ce deuxième débat de 90 minutes à l’université de Hofstra à Hempstead (État de New York) devant un auditoire de 80 électeurs indécis. Que le camp démocrate se rassure : c’est en effet un tout autre Barack Obama qui s’est présenté aux yeux des Américains, cette fois-ci particulièrement combatif et convaincant. Revigoré, en somme.

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"En fait, Obama a bien dit qu'il s'agissait d'un 'acte de terreur'" (modératrice)

"Obama sort victorieux de ce combat"

Si chacun des deux camps a revendiqué la victoire à l’issue du duel, une flopée de sondages (réalisés par CNN, CBS, PPP, Google et CNBC) ont révélé que le président sortant avait remporté haut la main ce combat. Ils sont en outre 73 %, selon le sondage de CNN, à avoir trouvé le candidat démocrate "meilleur" que lors du premier débat.

Il faut dire que Romney, qui avait été largement salué pour sa prestation dans le premier débat, s’est heurté cette fois à la verve incisive de son adversaire qui ne lui a laissé aucun répit, et ce, malgré le format plus convivial de ce débat, qui permettait aux candidats de se déplacer librement sur scène pour répondre aux questions des spectateurs.

N’hésitant pas à s’interrompre une douzaine de fois chacun pour exprimer leurs désaccords, Obama et Romney se sont affrontés avec hargne sur des questions concernant l’emploi, les taxes, l’égalité des sexes, le budget, les impôts, la politique énergétique, l’immigration et l’épineux dossier libyen.

Affaire Benghazi : "Vraiment, vous aviez dit ça ?"

C’est d’ailleurs sur ce dernier point que le candidat Obama a gagné de précieux points. Le président sortant a, en effet, été le seul à bénéficier des applaudissements du public, et ce, après que la modératrice de l’émission a repris Mitt Romney. Ce dernier avait rapporté de façon incorrecte certains propos de Barack Obama à propos de l’attaque de l’ambassade américaine à Benghazi. La journaliste a fait remarquer que le président sortant avait bien parlé dès le premier jour d'"acte de terreur" à propos de ce drame. "Vraiment, vous aviez dit ça ?", a lâché légèrement déstabilisé le candidat républicain qui avait déclaré que "le président [avait] mis 14 jours avant d’appeler l’attentat de Benghazi un ‘acte de terreur’" (voir vidéo ci-dessus).

Un heureux retournement de situation pour les démocrates, à l’heure où la Maison Blanche est mise sous pression par les républicains pour sa gestion des violences antiaméricaines en Libye. Profitant de son avantage, le président a ensuite accusé le républicain de "transformer la sécurité nationale en des questions de politique politicienne", et, enfonçant le clou, affirmé que les électeurs ne pouvaient pas faire confiance à un homme qui considère 47 % de la population américaine comme des "victimes".

"Obama a fait beaucoup mieux que le premier débat"

"Obama a fait beaucoup, beaucoup mieux que lors du premier débat", estime Ari Berman, auteur et journaliste politique pour l’éminent magazine de gauche "The Nation". "Ses réponses étaient pertinentes, ses attaques envers Romney plus énergiques."

Même certains analystes classés à droite comme John Fortier, du think tank Policy Center Washington DC, ont été forcés de reconnaître la supériorité démocrate. "Ils étaient tous les deux très bien", a reconnu l’expert avant de confesser que "le président avait été plus assuré et efficace".

Le président sortant "s’est comporté comme un commandant en chef", a souligné John Fortier. Mitt Romney n'"était pas aussi fort qu'il aurait pu être", mais il a toutefois pu "démontrer ses qualités de présidentiable et s’est montré coriace face à Obama", a ajouté l’expert.

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"Opération manquée de Mitt Romney sur l’attaque de Benghazi"
Débat présidentiel : l'empire démocrate contre-attaque

"La tournée des excuses"

Mitt Romney, en effet, n’a pas cumulé que des revers. L’homme d’affaires millionnaire a su pousser le président sortant dans ses retranchements, notamment dans le domaine de l’économie. Il a ainsi attaqué son rival sur sa politique de l’emploi qui n'"a pas marché" et accusé Obama de laisser le pays en bien plus mauvaise état que celui dans lequel il l’avait trouvé. Il n’a pas hésité non plus à tacler la politique moyen-orientale du démocrate affirmant que cette dernière s’était transformée en "tournée des excuses". Le républicain a exhorté les électeurs à faire la distinction entre la "rhétorique d’Obama et sa politique". "Moi, je sais ce qu’il faut faire pour faire redémarrer cette économie. Je sais ce qu’il faut faire pour créer des emplois", a-t-il lancé à Obama.

Le dernier débat, prévu le 22 octobre, mettra l'accent sur ​​la politique étrangère. Ce sera l’une des dernières chances pour Obama et Romney de convaincre les indécis qui, presque aussi nombreux qu’en 2004 et 2008, représentent environ 6 % des électeurs, d’après un sondage Reuters/Ipsos publié début octobre. Les candidats, au coude à coude dans les sondages, n’ont donc pas fini de s’écharper pour convaincre ces "swing voters", qui s’apparentent à des faiseurs de rois, avant le scrutin du 6 novembre.