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El-Béchir exige le départ des ONG internationales d'ici un an

Après avoir expulsé 13 ONG internationales, le président soudanais Omar el-Béchir a exigé l'arrêt, d'ici un an, de la distribution d'aides des ONG internationales dans le pays, affirmant vouloir de "se débarrasser de tous les espions".

REUTERS - Nouvelle riposte à sa mise en cause par la CPI, le président Omar Hassan al Bachir a ordonné lundi à toutes les ONG internationales de cesser d'ici un an de distribuer de l'aide en territoire soudanais.


Pour expliquer sa décision, il a dit sa volonté de "débarrasser le pays de tous les espions". Le Soudan a décidé il y a dix jours d'expulser treize ONG internationales après le lancement par la Cour pénale internationale de La Haye d'un mandat d'arrêt contre le président Bachir pour crimes de guerre commis au Darfour, dans l'ouest du pays en proie aux violences.


Il a également suspendu les opérations dans le Nord de trois organisations humanitaires soudanaises.


"Nous avons ordonné au ministère des Affaires humanitaires de 'soudaniser' totalement le travail volontaire au Soudan, dans un délai d'un an, après lequel aucune organisation internationale ne distribuera plus l'aide aux Soudanais", a déclaré Bachir, en uniforme, dans un discours enflammé devant des milliers de soldats et de policiers rassemblés sur la Place verte de Khartoum, non loin de l'aéroport.


Les organisations internationales "pourront seulement déposer leur aide alimentaire à l'aéroport et des ONG soudanaises seront habilitées à la distribuer."


"Nous devons débarrasser notre pays de tous les espions", a-t-il lancé.


Bachir a précisé que l'Ethiopie et l'Erythrée avaient déjà pris des mesures similaires et faisaient distribuer l'aide étrangère par des associations locales.

"DEBARRASSER LE PAYS DE TOUS LES ESPIONS"


Il a estimé que le Soudan pouvait se passer de l'aide internationale, en raison de son agriculture et de ses autres ressources naturelles, et n'a pas ménagé ses critiques envers la CPI et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.


L'annonce du chef de l'Etat semble avoir pris au dépourvu même les responsables de la Commission sur l'aide humanitaire, qui dépend du gouvernement.


Lors d'une conférence de presse tenue avec retard dans la capitale, des responsables de cet organisme n'ont pas précisé de quelle manière les consignes du chef de l'Etat seraient mises en application. Ils n'ont pas dit non plus si toutes les ONG étrangères seraient expulsées.


Ahmed Haroun, vice-ministre chargé des Affaires humanitaires, a toutefois affirmé que la mesure ne concernait  pas les agences des Nations unies travaillant dans le pays.


Quant au chef de la Commission sur l'aide humanitaire, Hassabo Mohamed Abd el-Rahman, il a souligné que les consignes du président s'appliquaient tant au nord du pays qu'au sud, qui jouit d'une quasi-autonomie. "Il n'y a qu'un seul pays", a-t-il souligné.


La mesure annoncée par Bachir marquerait la fin des activités de plus de 70 organisations étrangères qui opèrent au Darfour et dans d'autres régions troublées du pays.


Elle pourrait également avoir des conséquences sur l'aide internationale au Soudan, notamment pour les gouvernements américain et britannique qui continuent de financer des programmes d'infrastructures.


Lors de la cérémonie de lundi sur la Place verte, des milliers de soldats de l'armée régulière et de miliciens des  Forces de défense populaires ont prêté allégeance à Bachir, nouvelle démonstration de fidélité au chef de l'Etat depuis le mandat d'arrêt lancé le 4 mars par la CPI.