
Après avoir décrété un embargo sur le pétrole en juillet, les 27 ont pris de nouvelles mesures contre Téhéran et son programme nucléaire. L'ayatollah Ali Khamenei dénonce "un complot" qui pourrait "perturber le calme" en Iran.
L’Union européenne (UE) a officiellement adopté une série de nouvelles mesures, lundi, pour renforcer les sanctions contre l’Iran et son programme nucléaire controversé.
Après l’embargo pétrolier mis en place depuis juillet 2012, les 27 enfoncent le clou en décrétant une interdiction des importations de gaz iranien et l’exportation de toute matière pouvant être utilisée dans les programmes d’armement nucléaire et balistique en Iran.
Réunie à Luxembourg, l’UE a également annoncé des sanctions envers le secteur des télécoms, une première.
Le secteur bancaire n’est pas en reste. Toute transaction financière entre les banques européennes et iraniennes est désormais prohibée. Seules les transactions faites par des particuliers ou concernant des fonds humanitaires et médicaux seront épargnées.
D'autres mesures plus diplomatiques ont également été annoncées. Un ministre iranien a notamment été ajouté sur la liste noire de l'UE, voyant ainsi ses avoirs gelés et l’obtention de visas interdite.
De nouvelles sanctions pourraient rapidement intervenir, le chef de la diplomatie britannique William Hague ayant affirmé que l'UE n'entendait pas en rester là.
Une marée noire volontaire pour faire cesser les sanctions
Côté iranien, les premières réactions ne se sont pas faites attendre. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a accusé les pays occidentaux, qu’il qualifie "d’ennemis", de vouloir "perturber le calme (en Iran) avec leurs complots". Pour le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi, "L'Iran est un grand pays et, de ce fait, les sanctions occidentales ne peuvent avoir un effet important sur notre économie", a-t-il assuré.
Selon des informations du magazine allemand Der Spiegel dévoilées dimanche, les Gardiens de la révolution en Iran envisageraient de provoquer une marée noire dans le Golfe pour obliger l'Occident à lever ses sanctions contre le pays. Le projet de l’opération "Eau sale", de son nom de code, doit être présenté au guide suprême qui décidera ou non de son exécution.
Cette potentielle opération illustre un changement de ton des autorités iraniennes face aux sanctions occidentales. Il y a peu, les Gardiens de la révolution refusaient d’admettre que les mesures prises par l’Occident avaient un quelconque impact sur le pays. Mais depuis cet été, Téhéran parle d’une véritable "guerre économique" menée contre l’Iran.
Un aveu qui se fait l’écho du mécontentement grandissant des Iraniens. Début octobre, une vaste grève au grand Bazar de Téhéran et de violentes protestations contre la forte dévaluation du rial ont secoué le pays. En un an, la monnaie nationale a perdu 75 % de sa valeur face au dollar. Conséquence directe pour les Iraniens, les prix de nombreux produits comme la viande ou le riz ont flambé. Malgré la grogne du peuple, les autorités s'entêtent et continuent d’affirmer régulièrement qu’elles ne cèderont pas aux pressions occidentales.