Les juges de la Cour suprême de Brasilia ont reconnu coupables de corruption José Dirceu, ancien bras droit de Lula, José Genoino, ex-leader du Parti des travailleurs, et Delubio Soares, ex-trésorier du PT, dans le cadre du scandale du mensalao.
Trois proches de l’ancien président brésilien Lula ont été reconnus coupables de corruption active par la Cour suprême du Brésil, dans le cadre du gigantesque scandale dit du "mensalao" ("la grosse mensualité", en français).
José Dirceu, 66 ans, ex-guerillero et ancien directeur de cabinet de Lula entre 2003 et 2005, est considéré comme le cerveau du système de corruption visant à acheter des votes au Parlement. "Dirceu est l’auteur intellectuel du schéma de corruption et le chef de l’organisation criminelle", avait déclaré le procureur Roberto Gurgel pendant la lecture de l’acte d’accusation, à l’ouverture du procès, le 2 août dernier.
José Genoino, ex-leader du Parti des travailleurs (PT) - ex-guérillero et fondateur du PT aux côtés de Lula et José Dirceu - ainsi que l’ancien trésorier du PT, Delubio Soares, ont également été reconnu coupables d’avoir orchestré le vaste réseau de corruption au Parlement et au Congrès.
Tous trois - le "noyau politique du mensalao", selon le procureur - distribuaient de l’argent à des parlementaires par le biais du publicitaire Marcos Valério pour qu’ils soutiennent les projets de loi proposés par le parti au pouvoir. C’est la première fois que l’achat de votes au Parlement, une pratique courante jusqu’à l’éclatement du scandale, est condamné.
"La condamnation de Dirceu et de Genoino a un effet symbolique très fort au Brésil où, comme dans d’autres jeunes démocraties, il existe une perception d’impunité, surtout par rapport aux hommes politiques", a déclaré à l’AFP Rafael Cortez, analyste politique brésilien.
Six ans d’instruction
L’affaire éclate en 2005, lorsqu’un député du PTB (Parti travailliste brésilien, allié au PT), Roberto Jefferson, révèle l’existence d’un système de pots-de-vin au cours d’une interview au quotidien Folha de San Paulo. Les médias s’emparent du dossier et, deux semaines plus tard, José Dirceu, le bras droit de Lula promis à une brillante carrière politique, est contraint de démissionner de la tête du cabinet présidentiel. Il réintègre son poste de député fédéral, mais la Chambre des députés, sous pression médiatique, le relève de ses fonctions peu après. Il est inéligible jusqu’en 2015.
Le scandale fait tomber les têtes tout autour du président Lula. Après José Dirceu, c’est au tour de Delubio Soares et José Genoino de démissionner. L’affaire, d’une ampleur inédite, menace la réélection de Lula en 2006. Ce dernier assure se sentir trahi et demande pardon au peuple au nom du PT. Finalement, le président est mis hors de cause par les juges. Il est réélu avec quelque 60 % des voix.
Six ans après le dépôt de l’acte d’accusation - il faisait plus de 1 000 pages à l’ouverture du procès - et la citation de plus de 660 témoins, une quarantaine d’hommes d’affaires, d’hommes politiques et de banquiers ont été mis en cause. Aujourd’hui, 22 d’entre eux ont été reconnus coupables. Les peines prononcées ne seront connues que dans plusieurs semaines, à l’issue des audiences.
Les condamnations de Dirceu, Soares et Genoino, mercredi 10 octobre, interviennent entre les deux tours des élections municipales au Brésil. Le PT, toujours au pouvoir avec l’actuelle présidente Dilma Rousseff, n’a pas véritablement souffert de l’onde médiatique de ce procès au premier tour, dimanche dernier. Il a progressé de 14 % par rapport à 2008, alors que la cote de popularité de la présidente atteint des sommets.
(FRANCE 24 avec dépêches)