Les coups de filet anti-terroristes menés dans plusieurs villes de France ont révélé un nouveau visage du terrorisme en France : celui de jeunes Français, nés de parents français, convertis à l’islamisme radical. Revue de presse.
Les arrestations de 11 islamistes radicaux présumés dans plusieurs villes de France ce week-end ont créé une onde de choc dans l’Hexagone, et dans la presse française. Car non, "[ces terroristes] ne sont pas toujours issus de l’immigration", découvre Yves Thréard, éditorialiste au "Figaro". "Ils peuvent être français, de parents français, élevés dans la tradition judéo-chrétienne", constate-t-il avant d’exiger des responsables politiques qu’ils "ne cèdent pas un pouce de territoire" face à "toutes ces tentatives qui entameraient le socle des valeurs républicaines" - "ici le port du niqab, là des prières de rue" - qui "ouvrent la porte à l’expression d’un communautarisme toujours plus revendicatif, agressif, conquérant".
"Il ne peut y avoir en France aucune excuse, aucune explication, aucune complaisance pour le racisme et l’antisémitisme", condamne pour sa part François Sergent, dans le quotidien de gauche "Libération", qui implore "la République" de "récuser avec force tout amalgame et protéger avec la même force toutes ses communautés".
Terrorisme de terroir
Le sujet est d’autant plus sensible que l’affaire Mohamed Merah, du nom du jeune salafiste de 23 ans auteur des assassinats de soldats français et d’un massacre dans une école juive de Toulouse en mars dernier, reste vivement ancrée dans les esprits. Difficile, d’ailleurs, de ne pas faire le rapprochement entre Jérémie Louis-Sidney, l’homme de 33 ans abattu par la police samedi, et Mohamed Merah. "Ici, ce sont des Français qui menacent et tuent, comme Merah, d’autres Français. Ce sont des enfants perdus de la République pour qui le juif est ennemi", rappelle ainsi "Libération". Force est donc de constater que Mohamed Merah n’était pas un soldat isolé du djihadisme.
Cité dans un long article intitulé "La France confrontée à de nouveaux djihadistes" dans "La Croix", Mathieu Guidère, islamologue, dresse un portrait robot de ce "terrorisme de terroir". "On a là un profil que l’on ne voyait pas il y a cinq ou six ans en arrière, explique-t-il […] Il s’agit de Français, nés sur le territoire français, qui se sont convertis et dont la radicalisation a été extrêmement rapide. Ce qui prenait trois ou quatre ans dans les années 1990-2000 entre la conversion et le passage à l’acte peut prendre aujourd’hui quelques semaines ou quelques mois."
Les leçons de l'affaire Merah
"Les multiples interpellations de samedi pourraient être le signe que les forces de sécurité et les leaders politiques tirent des leçons du cas Merah, en réagissant plus tôt et plus fermement contre toute suspicion radicale pouvant potentiellement être menaçante", estime pour sa part le magazine "Time". L’hebdomadaire américain rappelle les accusations dont avaient été l’objet les services de renseignement français, qui n’avaient pas, malgré une mise sous surveillance de Merah, prévu le passage à l’acte du djihadiste.
"Les arrestations de samedi soulignent l’effort du gouvernement socialiste français pour contredire l’opposition, qui l’accuse de mollesse en matière de sécurité et de lutte contre la criminalité […] L’intransigeance à l’égard des islamistes radicaux présumés marque la capacité du socialiste François Hollande d’apprendre des erreurs de l’affaire Merah et de prévenir les prochains actes terroristes, conlut le magazine. Personne, dans le système sécuritaire et politique français ne souhaite faire face à de futures accusations de léthargie [en matière de terrorisme]".