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Au pouvoir depuis 1999, Hugo Chavez a été réélu à la tête du Venezuela avec 54 % des voix. Bien que son adversaire ait obtenu un score historique, le leader socialiste bénéficie toujours des faveurs de sa base électorale.

"Plus de 8 millions de compatriotes ont voté pour la révolution, ont voté pour le socialisme, ont voté pour l'indépendance, ont voté pour la grandeur du Venezuela, ont voté pour le futur ! Ma reconnaissance à tous et à toutes", a déclaré le président Hugo Chavez depuis le balcon du palais présidentiel de Miraflores, à Caracas, après l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle, dimanche 7 octobre. Vêtu d'une chemise rouge, il s’est adressé pendant 45 minutes à ses partisans euphoriques qui scandaient : "Ouh ! Ah ! Chavez ne s’en va pas !"

Le président socialiste a obtenu plus de 54 % des voix, contre près de 45 % pour Henrique Capriles Radonski, le candidat de l’opposition, unifiée sous la bannière de la coalition Unité démocratique. "On disait Chavez fatigué, malade", commente Laurence Cuvillier, correspondante à Caracas pour FRANCE 24, qui fait référence au cancer que le numéro un vénézuélien a combattu en 2011 et 2012 et dont il se dit guéri depuis mai dernier. "Mais il vient de prouver qu’il bénéficiait encore d’un vaste soutien populaire."

À 58 ans, le président Chavez rempile pour un quatrième mandat (1998, 2000 et 2006) grâce à la réforme de la Constitution, approuvée par référendum en 2009, permettant à un candidat de se présenter autant de fois que possible. Au pouvoir depuis 1999, il devrait rester président jusqu’en 2019.

Sa victoire ne souffre aucune discussion, "à la vue du taux de participation record, supérieur à 80 %", estime Janette Habel, professeur à l’Institut des Hautes études de l’Amérique latine (IHEAL). De son côté, Henrique Capriles Radonski, 40 ans, a rapidement reconnu sa défaite, affirmant que "pour gagner, il faut savoir perdre".

"L’opposition a manqué d’homogénéité idéologique"

Le candidat malheureux a cependant obtenu le meilleur score jamais enregistré par les opposants à l'actuel homme fort du Venezuela. Seulement 1 million de voix séparent les deux hommes.

"C’est la première fois que l’opposition a réussi à se regrouper derrière un seul candidat", note Janette Habel. Mais cette union des forces diverses s'est aussi révélée être un handicap pour Capriles. "L’opposition n’a pas convaincu car elle a manqué d’homogénéité idéologique", estime Jean-Jacques Kourliandsky, chargé de recherches sur l’Amérique latine à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Mais si l’ancien lieutenant colonel a été réélu, c’est surtout grâce au soutien indéfectible des classes populaires, majoritaires parmi les quelque 28,9 millions de Vénézuéliens. "Sa base électorale n’a aucune raison de lui tourner le dos puisqu’elle profite des retombées de sa politique sociale dynamique", commente Jean-Jacques Kourliandsky. Se voulant l'héritier de Simon Bolivar, Hugo Chavez a consacré les dollars du pétrole vénézuélien - le pays dispose des plus importantes réserves de pétrole au monde- à divers programmes sociaux dans des domaines tels que la santé, le logement et l’éducation. La pauvreté a reculé de 60 % à 27 % de la population depuis l'arrivée au pouvoir de Chavez. Et en matière de logement, la mission Vivienda prévoit la construction de 2 millions de maisons et d'appartements d'ici à 2018.

Ses prochains défis : la criminalité et le pétrole

Lors de son prochain mandat, Hugo Chavez, qui se pose en porte-drapeau de "l'anti-impérialisme" américain, devrait étendre les nationalisations qu’il affectionne tout particulièrement dans des secteurs comme la banque, l'alimentaire ou la santé. "Le Venezuela continuera au XXIe siècle sur la voie du socialisme démocratique et bolivarien", a-t-il déclaré, promettant d'être "un meilleur président".

"Le président socialiste aura aussi pour défi d’investir dans l’industrie pétrolière, dominée par la compagnie publique PDVSA", ajoute Jean-Jacques Kourliandsky. Pendant la campagne, il s’est engagé à la doubler d’ici à 2019, passant de 3 à 6 millions de barils par jour.

Il va aussi devoir se pencher sur la maintenance des installations. Début août, l’explosion d’une raffinerie située dans le nord-ouest du pays avait provoqué la mort de 40 personnes. Cet accident pétrolier, le plus grave de l’histoire du pays, avait ravivé le débat sur la vétusté des installations.

Chavez devra également tenir compte des difficultés du quotidien des Vénézuéliens : une inflation galopante (26,7 % en 2011 selon la Banque centrale), une corruption endémique (le Venezuela est 172e sur 182 dans le classement 2011 des pays les plus corrompus établi par Transparency International), mais surtout la criminalité. "Caracas est la ville la plus dangereuse d’Amérique latine", souligne Jean-Jacques Kourliandsky. L'Observatoire vénézuélien de la violence (OVV) dénombre 14 000 homicides en 2011, soit quatre fois plus qu'en 1998.