logo

Manifestation des salariés de l'usine Continental de Clairoix

Les 1120 salariés de l'usine Continental de Clairoix (Picardie) ne désarment pas. Bien que la fermeture du site ait été confirmée, ils manifestent à Reims, où se tient une réunion du comité central de l'équipementier automobile allemand.

Reuters - Des centaines de salariés français de Continental se sont rendus lundi à Reims (Marne) pour une manifestation en marge de la réunion du comité central d'entreprise français (CCE) de la société.


La fermeture de l'usine de Clairoix (Oise), qui emploie 1.120 personnes, a été programmée pour 2010, provoquant un tollé dans les mondes syndical et politique.


Jeudi dernier, des incidents avaient éclaté à l'usine lorsque le directeur de l'usine de pneus Louis Forzy avait tenté
de s'adresser aux employés. Il avait été bombardé d'oeufs et avait dû renoncer à son intervention.


"Dix-huit bus et des voitures particulières ont quitté Clairoix en début de matinée. On n'attend pas grand-chose de ce
CCE, l'objectif est d'être présent en masse pour exprimer notre colère", a dit à Reuters Antonio da Costa, délégué CFTC.


Doivent être présents à la réunion du CCE à Reims les directions et représentants syndicaux des établissements
français de Continental, à Clairoix - production et direction commerciale - et à Sarreguemines (Moselle).


La fermeture du site de Clairoix ne figure pas à l'ordre du jour des discussions mais sera vraisemblablement abordée, selon un porte-parole de Continental.


"Evidemment le sujet de la fermeture est un sujet majeur, nous allons essayer de répondre à la colère et aux inquiétudes
des partenaires", a-t-il dit.


Le gouvernement français estime que la fermeture de l'usine n'est pas légale en l'état puisqu'elle n'a pas été notifiée au
comité central d'entreprise, ce que Continental conteste.


Le fabricant allemand explique qu'elle a transmis des documents aux syndicats lors de rencontres "informelles" en vue
de la réunion statutaire du CCE à ce sujet prévue le 31 mars. L'affaire pourrait finir en justice si les syndicaux déposent,
comme c'est probable, un recours.


CONTROVERSE SUR L'ALLONGEMENT DU TEMPS DE TRAVAIL


Par ailleurs, une controverse s'est amorcée sur les engagements prêtés à l'entreprise en septembre 2007, quand elle
a imposé un retour aux 40 heures de travail hebdomadaires en contrepartie, disent les syndicats, d'un maintien de l'activité jusqu'en 2012.


Ces mesures ont été financées par l'Etat via des allégements fiscaux. Maryse Dumas, n°2 de la CGT, a estimé lundi sur France info que l'Etat était donc responsable.


"Les salariés ont accepté de travailler plus longtemps, c'est le mot d'ordre du président de la République. L'Etat, vous
et moi, le contribuable, a contribué à financer les exonérations sur les heures supplémentaires", a-t-elle dit sur France info.


"Aujourd'hui, les salariés s'aperçoivent que ça a permis à l'entreprise d'accumuler des fonds qui ont permis d'investir ailleurs, contre ces mêmes salariés. Je pense que la responsabilité de l'Etat est engagée", a-t-elle ajouté.


Dans un entretien publié lundi dans le quotidien allemand Handelsblatt, Heinz-Gerhardt Wente, directeur des ressources
humaines de Continental, a réaffirmé que la société ne reviendrait pas sur sa décision et il conteste que Continental
se soit engagé sur la poursuite de l'activité.


"Nous nous trouvons tous dans une situation économique difficile (...) Nous ne pouvons pas renoncer et nous ne
renoncerons pas à la réduction de nos surcapacités de production", dit-il.


"Il n'y avait de garantie et il n'y a pas d'infraction. En France, Continental avait trouvé une formule, à travers
l'allongement de la durée du travail, en contrepartie nous avons investi 44 millions d'euros (...) Personne ne fait ça s'il a l'intention de fermer l'usine ! C'est plutôt que les mesures n'ont pas été suffisantes. Personne ne pouvait prévoir la
brutalité de l'effondrement de la demande", ajoute-t-il