La Turquie continue ce jeudi à bombarder des positions de l'armée syrienne à la frontière entre les deux pays, en représailles à des tirs d'obus syriens la veille. Ankara a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de prendre "les mesures nécessaires".
Au lendemain d’un tir de mortier provenant de Syrie qui a tué cinq civils à Akçakale, un village turc proche de la frontière avec la Syrie, Ankara poursuivait ses bombardements le 4 octobre sur le poste-frontière de la ville de Tall al-Abyad, en territoire syrien, selon des sources de sécurité turques. Des bombardements au cours desquels "plusieurs soldats syriens" ont trouvé la mort, indique l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Depuis la destruction d'un avion militaire turc par un missile syrien en juin, aucun incident de cette ampleur ne s'était produit entre la Turquie et la Syrie.
Vingt et un membres de la force d'élite de la Garde républicaine ont été tués jeudi matin à Qoudsaya, dans la banlieue ouest de Damas, par une explosion suivie d'échanges de tirs, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La plupart ont été tués dans une explosion, et d'autres ont péri dans des affrontements avec les rebelles, qui se poursuivent, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. (Avec AFP)
Le ministre syrien de l'Information, Omran Zoabi, a annoncé l'ouverture d'une enquête sur l'origine du tir d'obus transfrontalier qui a mené à cette escalade de violence entre Ankara et Damas. Il a également présenté les condoléances de la Syrie "aux familles des victimes et à nos amis, le peuple turc".
Les quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU devraient publier ce jeudi 4 octobre une déclaration condamnant "dans les termes les plus fermes" les tirs d'obus syriens contre le territoire turc. "Ceci est un acte d’agression par la Syrie contre la Turquie", a déclaré l’ambassadeur de la Turquie auprès des Nations unies, Ertugrul Apakan, dans sa lettre adressée au président du Conseil de sécurité, l’ambassadeur du Guatemala Gert Rosenthal.
"Violations flagrantes du droit international"
La déclaration des membres du Conseil de sécurité de l'ONU devait être entérinée mercredi soir. Mais à la dernière minute, la Russie, fidèle alliée du régime syrien et disposant d’un droit de veto au Conseil de sécurité en tant que membre permanent, a demandé que le délai soit reporté à jeudi 10 heures afin que la mission russe à l'ONU puisse consulter Moscou, a expliqué un diplomate.
La Russie, qui a déjà bloqué trois résolutions condamnant le gouvernement syrien, pourrait entre-temps proposer des modifications au texte ou même lancer l'idée d'une enquête internationale sur cet incident, a estimé un autre diplomate.
Face à l'escalade de la tension entre les deux voisins, le Conseil de l'Otan a tenu dans la soirée du 3 octobre une réunion d'urgence à la demande d'Ankara. L'Organisation, dont la Turquie est l'un des vingt-huit membres, a appelé la Syrie à "mettre un terme à ses violations flagrantes du droit international".
Le Parlement turc doit par ailleurs prolonger le 4 octobre l'autorisation de cinq ans faite à l'armée pour mener des opérations transfrontalières, un accord qui vise à l'origine à autoriser les frappes sur des bastions kurdes au nord de l'Irak. Le vote du Parlement inclurait à présent des opérations sur le territoire syrien, a annoncé un député de l'AKP au pouvoir à la télévision turque.
Les zones de tensions à la frontière syro-turque
FRANCE 24 avec dépêches