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Un vaste dispositif policier dissuade les musulmans de France de manifester

Aucun débordement ni rassemblement n'a eu lieu samedi en dépit des appels à manifester contre le film islamophobe "L'Innocence des musulmans" lancés sur les réseaux sociaux. Un important dispositif des forces de l'ordre avait été déployé.

Un important dispositif sécuritaire a été déployé, samedi 22 septembre, à travers la France afin de prévenir débordements et autres manifestations illégales contre le film islamophobe "L'Innocence des musulmans". Aucun incident majeur n'a été rapporté, y compris à Paris où une cinquantaine de personnes interpellées ont rapidement été relâchées.

En parallèle, un homme de 24 ans qui avait participé au rassemblement non-autorisé le 15 septembre près de l'ambassade américaine à Paris, a écopé, en comparution immédiate, d'une peine de trois mois ferme de prison pour participation à un attroupement armé et port d'arme.

Retour sur les évènements survenus en France ce samedi 22 septembre.

  • Déploiement d’un important dispositif policier empêchant la tenue de manifestations illégales

Un impressionnant dispositif policier, déployé dans plusieurs grandes villes françaises, a empêché samedi 22 septembre toute manifestation de musulmans contre le film islamophobe "L'Innocence des musulmans" et la publication dans "Charlie Hebdo" de caricatures de Mahomet.

À Paris, 50 personnes "qui ne respectaient pas les interdictions" ont été interpellées et rapidement relâchées après vérification de leur identité, a précisé la préfecture de police. Malgré les appels à protester largement relayés sur les réseaux sociaux et par SMS, les forces de l'ordre, réparties sur plusieurs zones jugées à risque, ont dissuadé toute velléité de manifestation illégale.

À Lille, une tentative de rassemblement a rapidement avorté lorsqu'une vingtaine de personnes a voulu dénoncer à la fois des "provocations à l'égard de l'islam" et l'interdiction de manifester. Un homme, qui semblait donner des ordres aux manifestants, a été emmené au poste pour vérification d'identité et quatre femmes ont été verbalisées pour port du niqab.

À Marseille, une soixantaine de CRS, appuyés par un hélicoptère de la gendarmerie, étaient mobilisés, comme une trentaine de journalistes... pour un seul manifestant.

L'interdiction de manifester "était totalement justifiée pour des raisons d'ordre public", a estimé le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, dans un entretien au "JDD". "Qui peut tolérer des manifestations où l'on prône la haine avec des slogans racistes et antisémites, avec des individus dangereux et des femmes totalement voilées?", s'est-il interrogé, tout en saluant "la sagesse et la maturité [...] de nos concitoyens de confession musulmane et des représentants du culte musulman qui ont appelé au calme".

Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, s'était lui aussi félicité dans la journée de la "maturité" dont a fait preuve la communauté musulmane en ne répondant pas aux "provocations".

  • Après la manifestation devant l’ambassade américaine, un jeune homme condamné à trois mois de prison ferme

Un cheminot de 24 ans, converti à l'islam depuis quatre ans, a été condamné à cinq mois de prison, dont deux avec sursis, pour participation à un attroupement armé et port d'arme lors de la manifestation du samedi 15 septembre à proximité de l'ambassade américaine à Paris.

Dans son réquisitoire, le procureur Ariane Amson a jugé "troublant" que le jeune cheminot à la SNCF, qui n'était jamais allé auparavant à une manifestation comparable, ait pris avec lui une matraque télescopique. Celle-ci avait été retrouvée dans un buisson du jardin des Tuileries, après le signalement d'un touriste venu de province pour aller aux journées du Patrimoine.

Le prévenu a quant à lui expliqué qu'il avait pris cette matraque "par prévention" car il craignait que des extrémistes juifs se rendent à cette manifestation pour y perpétrer des violences. Il a par ailleurs expliqué qu'il était opposé aux manifestations, car elles ne correspondent pas aux préconisations des "savants", qui recommandent plutôt une "fatwa".

Son avocate, Me Raja Izem, a souligné qu'il n'était pas prouvé qu'il portait sur lui cette matraque au moment de la manifestation illégale.

Le prévenu, jugé en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Paris, n'a pas été placé en détention à l'issue de l'audience contrairement à ce qu'avait demandé le procureur.

  • Interpellation d'un homme ayant appelé à décapiter la tête du directeur de "Charlie Hebdo"

La publication mercredi 19 septembre par le journal satirique "Charlie Hebdo" de caricatures du prophète Mahomet, dont deux le représentent nu, a provoqué une série de manifestations à l'étranger et en France. Ce samedi, un homme d'une quarantaine d'années, soupçonné d'avoir appelé à décapiter le directeur de "Charlie Hebdo" sur un site jihadiste, a été interpellé à La Rochelle.

Cet individu, placé en garde à vue, est notamment soupçonné d'avoir écrit sur ce site internet radical: "Qui m'apporte cette tête, c'est le vase qui déborde". Il aurait également appelé à surveiller le directeur de l'hebdomadaire satirique, sans préciser son nom. Et d'ajouter : "L'essentiel, ne le laissez pas vivre en paix".

"Je n'ai pas un sentiment de peur, mais ça ne m'empêche pas d'être prudent", a déclaré à l'AFP Charb, le directeur de l'hebdomadaire. "Les gens qui menacent sont ultra minoritaires et ceux qui passent à l'action sont encore plus minoritaires", a-t-il relativisé.

France 24 avec dépêches