Le cinéaste Luc Besson a officiellement levé le voile, vendredi, sur sa Cité du cinéma installée en Seine-Saint-Denis, au nord de Paris. Visite en images d’un pôle cinématographique ultra-moderne qui entend concurrencer les studios hollywoodiens.
C’est un rêve d’enfant devenu réalité. Au moment d’inaugurer son audacieuse Cité du cinéma, le réalisateur-producteur Luc Besson s’est remémoré ses premiers pas clandestins, à 17 ans, aux côtés de techniciens travaillant sur des court-métrages. Sous l’immense verrière d’acier qui recouvre la nef centrale de 200 m de long sur 20 m de large, le président d’EuropaCorp peut savourer le chemin parcouru depuis son achat, en 2006, de l’ancienne centrale thermique EDF.
La friche industrielle est devenue un complexe cinématographique de 62 000 m², réunissant toutes les infrastructures nécessaires à la réalisation d’un long-métrage – neuf plateaux de tournage ultra-modernes, des ateliers de fabrication de décors et de menuiserie, une salle de projection et les locaux de deux écoles de cinéma.
La genèse de cet Hollywood-sur-Seine remonte au tournage, en Angleterre, du film culte "Le Cinquième Élément". Le cinéaste français garde un souvenir amer de cet exil forcé par le manque criant d’infrastructures cinématographiques en France. C’est alors que Luc Besson se promet qu’il sera un jour possible de réaliser un film de A à Z dans l’hexagone.
Ironisant sur la récente sortie de David Cameron invitant les entrepreneurs français à s’exiler, Luc Besson en a profité pour lancer un message au Premier ministre britannique : "Maintenant c’est à notre tour de lui souhaiter la bienvenue. Il y a des plateaux des années 60 en Angleterre. Ici, nous avons des plateaux modernes avec une acoustique dernier cri."
Cocorico
Au-delà de l'aspect matériel, Luc Besson compte sur la qualité des techniciens français - "que l’on s’arrache à Hollywood" - pour attirer les tournages internationaux. Un pari économique risqué si le cinéaste français n’obtient pas un coup de pouce fiscal du nouveau gouvernement socialiste.
Ce projet pharaonique n’aurait d’ailleurs sans doute pas vu le jour sans le soutien du précédent gouvernement. Selon une enquête du Nouvel Observateur, c’est un coup de fil de Claude Guéant incitant le directeur de la Caisse des dépôts à traiter le dossier comme un "projet d’aménagement du territoire" qui a permis le déblocage de 40 millions d’euros.
L’absence de la ministre de la Culture du nouveau gouvernement socialiste est venue rappeler les soupçons de copinage sarkozyste qui planent depuis longtemps sur le projet. Luc Besson a lu un communiqué d’Aurélie Filippetti annonçant sa visite du site… le 29 octobre prochain.
En attendant, le petit monde du cinéma ne semble pas bouder son plaisir. Un dîner privé devrait rassembler dans la soirée plusieurs stars de premier rang – Jean Dujardin, Sophie Marceau, Robert de Niro, Michelle Pfeiffer – tandis que les habitants de Seine-Saint-Denis pourront profiter d’une "journée exceptionnelle de visite" ce samedi 22 septembre.