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À l'issue des législatives organisées dimanche dans la région chinoise semi-autonome de Hong Kong, les partis pro-démocratie ont réussi à conserver une minorité suffisante pour exercer un droit de véto au Parlement, dominé par les pro-Pékin.

AFP - Les pro-Pékin gardent la haute main sur le parlement de Hong Kong à l'issue des élections de dimanche, mais les partis pro-démocratie sont parvenus à conserver leur minorité de blocage, cruciale pour peser sur l'instauration d'un véritable suffrage universel en 2017.

Avec un sentiment anti-chinois croissant dans la mégapole semi-autonome et un taux de participation en hausse, le camp pro-démocratie avait espéré effectuer une percée.

Or il a tout juste conservé ses positions, s'arrogeant 24 mandats selon un décompte provisoire annoncé lundi, portant sur 65 des 70 sièges en jeu au Conseil législatif, dit "Legco", le parlement hongkongais.

"Après ces résultats, je n'ai plus d'espoir que dans la rue et les étudiants. Il faudra qu'ils sortent pour faire entendre la voix de la démocratie à Hong Kong", confiait un cadre de banque à l'AFP lundi matin.

Le score des formations pro-démocratie leur permet néanmoins de conserver un droit de veto sur les travaux constitutionnels du "Legco".

Une minorité de blocage jugée fondamentale alors que la Chine s'est engagée à instaurer le suffrage universel direct en 2017 pour le poste de chef de l'exécutif, et d'ici 2020 pour le parlement - les partis pro-démocratie font valoir que de telles promesses ont déjà été faites par le passé, sans être tenues.

Pour la première fois depuis le retour de Hong Kong à la Chine en 1997, plus de la moitié des membres du "Legco", désigné pour quatre ans, était élue au suffrage direct, les autres membres étant désignés par un double système de grands électeurs - majoritairement favorables à Pékin.

Malgré leurs divisions, les partis pro-démocratie ont raflé plus de la moitié des mandats au suffrage direct (18 sur 35) - considéré comme une photographie plus sincère des équilibres politiques - mais seulement 6 des 30 fauteuils désignés par les grands électeurs.

Depuis sa rétrocession, Hong Kong a le statut de Région administrative spéciale (RAS) et bénéficie en principe d'une large autonomie en vertu du modèle "un pays, deux systèmes".

Ses habitants jouissent d'une liberté de parole inconnue sur le continent mais Pékin contrôle largement en réalité la vie politique locale et les Hongkongais dénoncent régulièrement des coups de canif dans l'accord de rétrocession.

Un projet controversé de cours de patriotisme chinois obligatoires à l'école a été retoqué in extremis à la veille de l'élection après des manifestations ayant mobilisé des dizaines de milliers de personnes qui dénonçaient une tentative de "lavage de cerveau" des enfants.

Et 400.000 manifestants avaient défilé fin juin à l'occasion de la visite dans la mégapole du président chinois, Hu Jintao. Ce dernier avait alors assuré du soutien "inébranlable" de la Chine au statut particulier de Hong Kong.

Outre les manifestations contre le projet de loi sur l'éducation, les Hongkongais ont d'autres motifs de mécontentement, au premier rang desquels la corruption, et l'accroissement du fossé entre les très riches --les tycoons de Hong Kong-- et la classe moyenne, qui a du mal à payer les loyers faramineux réclamés par les propriétaires.