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Inquiète d'une possible distorsion de concurrence, la Commission européenne annonce l'ouverture d'une enquête approfondie sur le plan de sauvetage de la banque Dexia - renflouée par la France, la Belgique et le Luxembourg en septembre.
AFP - La Commission européenne a décidé vendredi d'ouvrir une enquête approfondie sur le plan d'aide à la banque Dexia, mis sur pied par la France, la Belgique et le Luxembourg pour l'aider à surmonter la crise financière, car elle doute que "la viabilité" du groupe soit assurée.
Bruxelles s'inquiète en effet de distorsions possibles de concurrence à la suite de ce renflouement.
"La Commission a l'obligation de vérifier que les aides très importantes apportées à Dexia s'accompagnent de projets réalistes pour remédier aux problèmes qui ont conduit à la situation actuelle. Les plans qui nous ont été présentés ne permettent pas de conclure positivement à ce stade. Un examen approfondi est donc nécessaire", a déclaré dans un communiqué la commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes.
"La Commission va examiner le plan de restructuration, ce qui est normal compte tenu des garanties octroyées par les Etats", a réagi un porte-parole de Dexia.
En réponse aux difficultés qui menaçaient la survie de cette banque spécialisée dans le financement des collectivités locales et jouant donc un rôle économique crucial, la Belgique, la France et le Luxembourg avaient échafaudé en septembre un plan de sauvetage comprenant une recapitalisation de 6,4 milliards d'euros et une garantie d'Etat pouvant s'élever jusqu'à 150 milliards d'euros.
La Belgique et la France avaient en outre décidé de garantir un portefeuille d'actifs douteux de 16,9 milliards de dollars détenus par FSA (Financial Security Assurance), la filiale américaine de Dexia qui a été l'origine de ses déboires en 2008.
La première garantie --d'un montant maximum de 150 milliards d'euros-- a déjà été approuvée par la Commission en novembre et cette décision "reste valide pendant la période d'examen du plan", même si Bruxelles se réserve la possibilité d'analyser plus en détail certaines modalités.
De plus, l'exécutif européen a décidé vendredi d'autoriser dès à présent la garantie accordée sur le portefeuille d'actifs douteux détenus par FSA, qui a publié vendredi une perte de 1,26 milliard pour 2008.
"La vente de cette filiale génératrice de pertes s'avère indispensable pour le redressement de la situation de Dexia", qui a perdu 3,3 milliards d'euros en 2008. Elle "ne peut cependant se réaliser que si FSA est délesté de certains actifs toxiques dont la valeur de marché est à l'heure actuelle extrêmement bas", selon l'exécutif européen.
"C'est une bonne nouvelle", a commenté le porte-parole de Dexia, pour qui il s'agit d'"une étape de plus dans la réalisation de la cession de FSA".
Dès le mois de novembre, en approuvant les aides au "sauvetage" de Dexia, Bruxelles avait prévenu que les trois gouvernements impliqués devraient présenter un plan de restructuration du groupe permettant de "rétablir dans un délai raisonnable la viabilité à long terme de l'entreprise", afin de limiter les effets anticoncurrentiel de cette aide.