La Cour constitutionnelle roumaine confirme que le seuil de 50% de participation n'a pas été atteint lors du référendum du 29 juillet sur la destitution du président Basescu. Ce dernier reste donc président du pays.
AFP - Le président roumain Traian Basescu restera chef de l'Etat, a décidé mardi la Cour Constitutionnelle signant l'échec d'une tentative de destitution lancée par la coalition de centre gauche au pouvoir qui avait plongé la Roumanie dans sa plus grave crise politique depuis 23 ans.
La Cour a invalidé mardi le référendum sur la destitution du président de centre droit, organisé le 29 juillet, en constatant que le seuil de participation minimum requis n'a pas été atteint.
Selon les résultats officiels, certifiés par la Cour, même si plus des 87% des votants se sont prononcés pour le départ de M. Basescu, le taux de participation de 46,24% est "inférieur aux 50% plus un des inscrits requis pour que le référendum soit valide", précisent les juges.
"Dès la publication de cette décision dans le Journal officiel, M. Traian Basescu reprendra ses attributions constitutionnelles et légales de président de la Roumanie", ajoutent-ils.
Le Premier ministre social-démocrate Victor Ponta, un des principaux promoteurs de la destitution de son rival, a qualifié la décision de la Cour "d'illégale, injuste et politique" tout en affirmant qu'il la respecterait.
De son côté, le président par intérim Crin Antonescu, chef de file du parti libéral allié à M. Ponta a indiqué qu'il considérait le président Basescu "illégitime" après le vote populaire contre lui et que la "lutte contre son régime ira jusqu'au bout".
Des déclarations qui augurent une cohabitation difficile avec M. Basescu dont le mandat court jusqu'en 2014.
De son côté, l'ancien Premier ministre de centre droit Emil Boc, allié de M. Basescu, a espéré que cette décision mettra fin à la crise politique pressant les deux camps de travailler ensemble.
M. Basescu, un ancien capitaine de marine, survit à sa deuxième tentative de destitution, la première ayant eu lieu au cours de son premier mandat en 2007.
Il revient toutefois affaibli avec plus de sept millions de voix contre lui, résultat d'une cure d'austérité draconienne qu'il avait défendu bec et ongles en 2010.
La confirmation de M. Basescu à son poste de président marque aussi un échec de la coalition de centre gauche, l'Union sociale libérale (USL) dans ce qui était devenu un de ses objectifs clés: le débarquement de son rival.
Jusqu'au bout, l'USL qui regroupe les sociaux-démocrates du Premier ministre, les libéraux de M. Antonescu et le Parti conservateur fondé par un ancien collaborateur de la police politique communiste Securitate, a tenté de faire valider la destitution, y compris en contestant la validité des listes électorales après le vote.
Le gouvernement a essuyé de vives critiques de l'Union européenne et des Etats-Unis pour des méthodes peu orthodoxes afin de faciliter la destitution, notamment la révocation express du médiateur ainsi que la limitation des pouvoirs de la Cour Constitutionnelle.
Cette dernière avait dénoncé des attaques "sans précédent" de la part du gouvernement.
Sous la pression de Bruxelles, M. Ponta s'était engagé à restaurer les pouvoirs de la Cour et à respecter toutes ses décisions.
Mais après le référendum, de nouvelles pressions dénoncées par la Cour constitutionnelle, ainsi que l'inculpation d'un ancien ministre de l'USL en lien avec de possibles manipulations des listes électorales, avaient à nouveau suscité la préoccupation de Bruxelles et Washington.
"La Roumanie a prouvé qu'elle a de solides institutions, la Cour constitutionnelle, le procureur général notamment", a déclaré à l'AFP Laura Stefan experte en droit pour le groupe de réflexion Expert Forum.
"La Cour a résisté à une immense pression et a invalidé le référendum. C'est un pas important pour une Roumanie moderne basée sur les principes de l'Etat de droit", 23 ans après la chute de la dictature communiste, a-t-elle ajouté.