Il y a deux mois, des représentants du gouvernement afghan ont rencontré en secret au Pakistan le mollah Abdul Ghani Baradar, plus haut responsable des Taliban actuellement en détention. L'entrevue aurait porté sur des négociations de paix.
AFP - Des représentants du gouvernement afghan ont rencontré en secret un haut responsable taliban détenu au Pakistan, dans le cadre de négociations de paix, a indiqué lundi un responsable afghan.
Le mollah Abdul Ghani Baradar, un chef militaire taliban connu pour avoir été un bras droit du leader des rebelles afghans, le mollah Mohammad Omar, est considéré comme le prisonnier le plus haut placé dans la hiérarchie talibane.
Son arrestation par les Pakistanais en 2010 avait selon Kaboul et un ancien responsable de l'ONU en Afghanistan entravé les efforts déployés par le gouvernement afghan pour tenter de rallier les rebelles à la paix.
"Des responsables du gouvernement afghan et de l'ambassade d'Afghanistan au Pakistan ont eu des discussions secrètes avec lui en prison il y a deux mois", a déclaré à l'AFP Mohammad Ismail Qasimyar, un membre du Haut conseil pour la paix afghan (HCP), qui tente de dialoguer avec l'insurrection.
"Ils ont parlé de négociations de paix", a-t-il poursuivi, ajoutant que Kaboul avait demandé à Islamabad de "le libérer parce qu'il a montré de l'intérêt pour des discussions de paix avec le gouvernement afghan".
Kaboul a confirmé avoir "demandé plusieurs fois au Pakistan de libérer non seulement le mollah Baradar mais aussi d'autres leaders talibans emprisonnés chez lui. Malheureusement". Mais "nous n'avons aucune réponse positive", a déploré le porte-parole du ministère afghan des Affaires étrangères, Janan Mosazai, en regrettant qu'Islamabad ne tienne pas ses engagements de coopération avec Kaboul.
Un responsable pakistanais a confirmé lundi à l'AFP qu'Islamabad ne semblait pour l'heure pas disposé à libérer Baradar, émettant au passage quelques doutes sur son importance dans la hiérarchie talibane actuelle.
"Nous ne prévoyons pas pour l'instant de l'élargir. Il reste à voir combien Baradar est important et quel rôle il peut jouer. Il est emprisonné depuis plus de deux ans maintenant. C'est une longue durée, durant laquelle les gens changent et de nouveaux acteurs occupent la scène", a indiqué ce responsable.
A l'approche du retrait d'Afghanistan, prévu à la fin 2014, de la grande majorité des forces de la coalition de l'Otan, qui soutient le fragile gouvernement de Kaboul face aux talibans, le président afghan Hamid Karzaï essaie d'ouvrir des négociations avec les rebelles pour éviter une future nouvelle guerre civile.
Les rebelles ont officiellement toujours éconduit les autorités afghanes, qualifiées de "marionnettes des Etats-Unis". Ils ont également interrompu en mars dernier des discussions préliminaires avec les Américains, à qui ils réclament d'abord la libération de cinq de leurs cadres emprisonnés à Guantanamo.
Après l'intervention occidentale qui a fait tomber leur régime à la fin 2001, nombre de cadres talibans afghan avaient trouvé refuge au Pakistan voisin.
Certains ont été arrêtés, d'autres vivent sous la menace des autorités pakistanaises, à la fois allié de Washington et accusé de soutenir les talibans pour préserver ses futurs intérêts stratégiques en Afghanistan.
Selon des sources proches de la rébellion, le mollah Baradar voulait, avant son arrestation, dégager les talibans de l'influence pakistanaise, ainsi que de celle d'Al-Qaïda, et était prêt à amorcer des discussions de paix directes avec Kaboul.