Plus de 50 000 personnes ont assisté, dimanche, à un meeting du Haut Conseil islamique du Mali dans le plus grand stade de Bamako. Les chefs religieux ont insisté sur le dialogue pour mettre fin à l’occupation du nord du pays par des islamistes.
AFP - Pour la première fois depuis le début de l'occupation du nord du Mali par les islamistes fin mars, 50.000 à 60.000 personnes se sont rassemblées dimanche à Bamako pour "la paix", en présence du Premier ministre de transition, Cheick Modibo Diarra, maintenu dans ses fonctions.
Le rassemblement au Stade du 26 mars, le plus grand de la capitale malienne, s'est tenu à l'appel du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) dont le président, Mahmoud Dicko, possède une influence grandissante au Mali, pays à 90% musulman.
Il a récemment rencontré des responsables du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui, avec Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), est allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), organisation avec laquelle ils occupent tout le nord du pays, soit les deux-tiers du territoire.
Plusieurs hommes politiques, dont le Premier ministre controversé Cheikh Modibo Diarra, ont assisté au meeting au cours duquel M. Dicko et d'autres responsables religieux ont pris la parole.
Dimanche soir, la présidence de la République a annoncé que le président par intérim, Dioncounda Traoré, avait renouvelé "sa confiance" à M. Diarra, lui demandant de "lui faire des propositions en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale". Les postulants doivent se faire connaître mardi au plus tard.
Astrophysicien de renommée internationale, Cheick Modibo Diarra, entré en fonction le 24 avril, a été contesté par une partie de la classe politique, en particulier le parti de M. Traoré, qui a exigé sa démission, dénonçant son "incompétence" et son manque de "stratégie" pour tenter de régler la crise dans le nord du Mali.
"Prions pour le Mali, prions pour la paix", a déclaré Mahmoud Dicko au Stade du 26 mars. "Nous ne sommes pas surpris de ce qui nous arrive, c'est la résultante de la trahison érigée en système" et de "la corruption", a-t-il ajouté, en demandant à tous les Maliens de s'entendre "pour le bien" de leur pays.
"Notre pays a besoin de paix, de réconciliation nationale. C'est aux Maliens de trouver la solution du Mali et je leur demande à tous de se pardonner", a pour sa part déclaré le plus célèbre des prêcheurs du pays, Madani Ousmane Haïdara.
Force ouest-africaine à "finaliser"
Outre l'occupation du Nord par les islamistes qui y imposent la charia (loi islamique) de manière brutale, le président Dioncounda Traoré est confronté à Bamako aux agissements de la junte militaire qui avait pris le pouvoir le 22 mars, avant de le rendre aux civils deux semaines plus tard.
La junte, dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo, a gardé une forte influence dans la capitale où ses hommes sont accusés d'avoir commis de nombreuses exactions contre des personnalités civiles et militaires considérées comme proches du président renversé en mars, Amadou Toumani Touré (ATT).
M. Traoré, rentré à Bamako le 27 juillet après deux mois de convalescence à Paris à la suite d'une violente agression dans son bureau de la présidence par des manifestants hostiles à son maintien au pouvoir, travaille depuis à former un gouvernement "d'union nationale" à la demande pressante de ses voisins.
Ces derniers, membres comme le Mali de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), estiment en effet que la reconquête du nord du pays passe par la mise en place à Bamako d'un pouvoir de transition consensuel qui ait la légitimité et le soutien nécessaires pour le faire.
Ils se disent disposés à envoyer au Mali une force composée de quelque 3.300 hommes pour appuyer l'armée malienne en décomposition afin d'assurer la sécurité des organes de transition à Bamako et d'aller combattre les groupes islamistes dans le Nord.
Mais les contours de cette force et les pays prêts à y participer vraiment restent flous: une réunion des chefs d'état-major de la Cédéao est prévue lundi à Bamako pour la "finaliser", dans l'espoir d'obtenir un mandat de l'ONU une fois que les autorités maliennes en auront officiellement fait la demande.