Plusieurs quartiers d’Alep ont été intensément bombardés par l'armée jeudi matin, tandis que Téhéran, allié du régime d’Assad, organise une rencontre sur la Syrie avec une douzaine de pays. Mercredi, les violences ont encore fait 167 victimes.
AFP - La bataille fait rage entre les troupes syriennes et les rebelles pour le contrôle d'Alep, la deuxième ville de Syrie, des informations contradictoires circulant sur l'évolution des combats.
Une "rencontre consultative" sur la Syrie est par ailleurs organisée jeudi à Téhéran par les autorités iraniennes, fidèles alliées du président syrien Bachar al-Assad, qui ont indiqué attendre une douzaine de pays ayant "une position réaliste" sur la crise.
Les rebelles se sont retirés partiellement, jeudi en fin de matinée, du quartier emblématique de Salaheddine, à Alep, violemment bombardé par l'armée syrienne, a affirmé à l'AFP un commandant dissident.
"A la suite d'un bombardement avec des bombes thermobariques qui ont détruit 40 immeubles, tué 40 combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) et un grand nombre de civils, l'ASL s'est repliée de deux rues vers (le quartier) de Sukari (sud) où elle prépare une contre-attaque", a assuré Houssam Abou Mohammad, commandant de la brigade Dera Ashahba, qui combat dans ce secteur.
L'armée syrienne bombardait jeudi matin plusieurs quartiers d'Alep, poumon économique du pays où les combats font rage depuis vingt jours, qui constitue un enjeu crucial pour la suite de la révolte, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Vers 03H00 locales (00H00 GMT), les quartiers de Hanano, Al Sakhour, Chaar (est), et Seif Dawla (sud ouest) ont été intensément bombardés, a rapporté cette organisation basée à Londres et qui travaille avec un réseau de militants et de témoins à travers la Syrie.
Les comités locaux de coordination, qui organisent la contestation sur le terrain ont confirmé le bombardement d'Al-Sakhour.
Mercredi, les violences dans tout le pays ont fait 167 morts, dont 95 civils, 54 soldats et 18 rebelles, selon l'OSDH. Dans la seule ville d'Alep, 33 personnes ont été tuées, dont 24 civils et 9 rebelles.
Les premières violences de jeudi ont déjà fait 22 morts, dont 17 civils et 5 rebelles. C'est dans la ville d'Alep et sa province que les violences ont fait le plus de victimes, avec 9 civils et 5 rebelles tués.
Appuyées par des chars et des véhicules blindés, les forces du régime du président Bachar al-Assad avaient lancé mercredi une offensive terrestre d'envergure et pénétré dans le principal quartier dissident d'Alep, Salaheddine.
En milieu de journée, l'armée avait affirmé avoir pris le contrôle de ce quartier emblématique, ce que les insurgés ont immédiatement démenti.
Puis, en milieu d'après-midi, les rebelles syriens ont déclaré avoir repris une partie du terrain perdu quelques heures plus tôt après avoir reçu le renfort de 700 combattants.
"Il s'agit des combats les plus féroces autour du quartier" depuis le début des affrontements à Alep le 20 juillet, selon l'OSDH.
Les forces du régime ont acheminé de nouveaux renforts, et, jeudi matin, plusieurs centaines de militaires, trois chars et véhicules de transports de troupes sont arrivés près d'Alep, selon l'OSDH.
L'armée a déployé 20.000 hommes pour mener cette bataille cruciale pour le régime, confronté depuis la mi-mars 2011 à une révolte qui s'est militarisée au fil du temps face à la répression brutale. Près de 17 mois de conflit ont fait 21.000 morts selon l'OSDH.
Réunion à Téhéran
L'Iran, principal allié régional de la Syrie, attend jeudi à Téhéran les représentants d'une douzaine de pays pour une "rencontre consultative" sur la Syrie. Damas n'y sera pas représenté, a indiqué une source au ministère syrien des Affaires étrangères.
Selon le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, douze à treize pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine doivent y participer.
Mais les représentants de ces pays, qui n'ont pas encore été identifiés, ne devraient pas être de haut rang. La réunion doit s'ouvrir à 14H30 GMT.
Le Liban voisin a déjà fait savoir qu'il n'y participerait pas en respect de sa "neutralité" dans le conflit. Kofi Annan, le médiateur démissionnaire de l'ONU et la Ligue arabe, et le Koweït ont également décliné l'invitation.
Téhéran accuse régulièrement des pays occidentaux, de même que l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, d'aider militairement les rebelles syriens.
L'Iran cherche toujours à obtenir la libération de 48 ressortissants enlevés samedi par l'Armée syrienne libre (ASL) dans la région de Damas.
La France a envoyé par avion une équipe médicale militaire pour venir en aide aux réfugiés syriens à la frontière jordanienne, une mesure décidée lundi par le président François Hollande.
Une cinquantaine de personnes, dont un médecin généraliste, des chirurgiens, des infirmiers et des aide-soignants, ont décollé jeudi matin avec 20 tonnes de matériel médical, pour mettre sur pied uns structure qui devrait être opérationnelle "en fin de semaine", a précisé le médecin-en chef.