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Le champion de boxe d'origine afghane gagne son titre de séjour

Sacré champion de France, le jeune boxeur afghan, Sharif Hassan Zadeh, arrivé seul en France il y a trois ans, s'est vu remettre un titre de séjour des mains du ministre de l'Intégration, Éric Besson

REUTERS - Deux semaines après avoir été sacré champion de France, le jeune boxeur afghan Sharif Hassan Zadeh a reçu mercredi un titre de séjour des mains du ministre de l'Intégration, Eric Besson.


Une remise symbolique qui survient en pleine résurgence en France du débat sur l'immigration à la faveur de la sortie d'un film, "Welcome", qui a fait l'objet d'une passe d'armes entre le ministre et son réalisateur, Philippe Lioret.


Arrivé seul en France il y a trois ans, Sharif Hassan Zadeh, sans-papiers de 17 ans, est devenu fin février champion de France espoir de boxe française, catégorie super-légers.

Eric Besson avait demandé la semaine dernière à la préfecture du Nord de "régulariser sans délai" sa situation.
Chose faite mercredi : le jeune homme a reçu un titre de séjour d'un an lors d'une cérémonie au ministère, en présence de plusieurs champions de boxe français, dont Jean-Claude Bouttier.

"Je tiens à remercier la France qui m'a accueillie, ma famille à laquelle je pense tous les jours, mon club de boxe française de Tourcoing, ma deuxième famille", a dit Sharif Hassan Zadeh dans un français presque parfait.


"Tu es devenu un exemple pour de nombreux jeunes qui vivent en France, quelle que soit leur nationalité", lui a dit Eric Besson, qui tutoyait le jeune homme à sa demande.


Le ministre a raconté comment Sharif avait été abandonné par un passeur dans les rues de Lille en 2006 avant d'être accueilli au "Gîte", un foyer pour mineurs en détresse où il vit toujours.

L'adolescent a ensuite découvert la boxe au "Punch boxe française savate tourquennois" de Tourcoing (Nord), jusqu'à devenir l'un des meilleurs espoirs en France de la discipline.

Son titre de séjour est valable jusqu'au 3 mars 2010.

"Dans quelques mois, tu seras majeur et tu pourras si tu le souhaites devenir français. Je ne pourrai que t'encourager, t'aider et te soutenir dans cette démarche", lui a dit Eric Besson avant de lui offrir trois livres - "Les Trois Mousquetaires", "Le Petit Prince", et "Les Fables de La Fontaine" - ainsi qu'une partition de La Marseillaise.


"Vivre ici ou là-bas"

Le champion de boxe Mayar Monshipour, qui a fui l'Iran pour la France à l'âge de 11 ans, s'est adressé au jeune Afghan.

"Il y a quelques années, j'avais également fait le choix, tout comme toi, de la France. Et depuis 22 ans, tous les jours, comme toi, je me renforce dans l'idée d'avoir fait le bon", a-t-il dit. "Nous parlons les mêmes langues : le français et le perse. Nous venons tous les deux de pays à moitié détruits : l'Afghanistan et l'Iran. Nous connaissons donc tous les deux la différence qu'il y a à vivre ici ou là-bas".

Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile, a dit vouloir voir dans cette régularisation un signe annonciateur d'un "tournant" vers une politique d'immigration plus humaine.

"C'est un cas isolé (...) Nous restons vigilants", a-t-il dit à Reuters. "Une hirondelle ne fait pas le printemps".
La presse n'a pas été autorisée à parler avec les participants à la cérémonie au ministère, qui a commencé avec une demi-heure de retard en raison de la participation d'Eric Besson aux questions d'actualité à l'Assemblée nationale.
Le ministre a été interrogé sur le début de polémique lié à la sortie du film "Welcome", où un maître-nageur de Calais, incarné par Vincent Lindon, aide un jeune migrant irakien désireux de rejoindre l'Angleterre à la nage.

Dans un entretien à La Voix du Nord, Philippe Lioret avait fait un parallèle entre les clandestins de Calais et les juifs en 1943. Eric Besson lui avait demandé de "retirer ses propos".

Le réalisateur lui a répondu dans une lettre ouverte publiée mercredi dans Le Monde.

"Sachez qu'en l'occurrence, je ne mets pas en parallèle la traque des juifs et la Shoah, avec les persécutions dont sont victimes les migrants du Calais et les bénévoles qui tentent de leur venir en aide, mais les mécanismes répressifs qui y ressemblent étrangement ainsi que les comportements d'hommes et de femmes face à cette répression", écrit-il.