logo

Attaque dans le Sinaï : l'Égypte ferme sa frontière avec Gaza

Après la mort de 16 policiers dans le Sinaï dimanche, Le Caire a fermé le seul point d'accès vers l'extérieur de la bande de Gaza. Les Frères musulmans affirment, quant à eux, que l'attaque pourrait être une manœuvre du Mossad pour gêner Morsi.

Reuters - L'Egypte promet une réponse ferme à l'attaque qui a coûté la vie à 16 policiers dans la région du Sinaï dimanche et ranimé les tensions à la fois avec Israël et avec les Palestiniens.

Un responsable égyptien a déclaré que les agresseurs, qui s'en sont pris à un poste frontalier, étaient des "éléments djihadistes" venus de la bande de Gaza.

Le Caire a annoncé la fermeture sine die de sa frontière avec l'enclave palestinienne qui voit ainsi supprimée sa seule voie d'accès vers l'extérieur, en plein ramadan.

L'armée égyptienne, qui conserve un rôle majeur dans le jeu politique, a qualifié les assaillants d'"infidèles" tout en jugeant qu'elle s'était montrée trop patiente face à l'instabilité qui règne dans la zone démilitarisée du Sinaï.

it
La réaction du ministre israélien de la Défense Ehud Barak

"Il y a une ligne jaune et la franchir est inacceptable. Les Egyptiens n'auront pas à attendre pour voir une réponse à cet événement", écrit l'armée dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

Après l'attaque, les agresseurs auraient réussi à s'emparer de deux véhicules blindés et pris la direction d'Israël où ils ont été abattus par des soldats de Tsahal.

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a indiqué lundi devant une commission parlementaire que huit membres du commando avaient été tués en tentant de franchir la frontière. L'aviation israélienne, immédiatement mise en alerte, est intervenue et a détruit l'un des véhicules des assaillants.

Il a dit espérer que cet incident serve de "signal d'alarme" pour le pouvoir égyptien qui perd peu à peu le contrôle de cette zone frontalière dont le statut a été fixé par les accords de paix signés à Camp David en 1979.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en adressant ses condoléances aux Egyptiens a pour sa part noté : "Je pense qu'il est clair qu'Israël et l'Egypte ont un intérêt commun à maintenir le calme à leur frontière".

Test diplomatique pour Morsi

Cet incident constitue le premier test diplomatique du nouveau président égyptien, Mohamed Morsi, représentant des Frères musulmans arrivé au pouvoir fin juin.

Washington "prêt" à aider l'Égypte

"Nous condamnons de la façon la plus ferme possible l'attaque terroriste mortelle d'hier", a indiqué un porte-parole du département d'Etat, Patrick Ventrell, ajoutant que Washington se tenait "prêt à aider le gouvernement égyptien" dans ses efforts, tels que promis par le nouveau président Mohamed Morsi, pour sécuriser le Sinaï.

Source : AFP
 

Après son investiture, Mohamed Morsi avait promis de respecter le traité de paix israélo-égyptien de 1979 mais il avait également affiché une volonté de rapprochement avec les islamistes du Hamas qui administrent la bande de Gaza.

Le Hamas a condamné l'attaque et proposé de collaborer avec les autorités égyptiennes pour en identifier les auteurs. "Aucun Palestinien ne prendrait part à un crime aussi monstrueux, ni à l'assassinat de soldats égyptiens bien-aimés d'une manière aussi horrible", a déclaré Taher Al Nono, porte-parole du gouvernement de Gaza.

Les Frères musulmans ont affirmé sur leur site internet que l'attaque pouvait "être attribuée au Mossad", le service de renseignement israélien, et qu'elle avait pour but de gêner Morsi. La confrérie islamiste, dont le président égyptien n'est plus membre depuis son élection, estime qu'il est désormais "impératif de revoir les clauses" de l'accord de paix entre l'Egypte et Israël.

L'Etat hébreu a démenti toute implication. "Même celui qui dit cela ne peut pas croire aux absurdités qu'il profère en se regardant dans une glace", a déclaré le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor.

L'opération confirme que le Sinaï, vaste étendue désertique sillonnée par des bédouins, des djihadistes et des militants palestiniens, est devenue une zone d'instabilité depuis la chute d'Hosni Moubarak en février 2011. L'ancien raïs garantissait une collaboration étroite avec Israël sur la question de la sécurité dans cette région frontalière démilitarisée.

En août 2011, huit Israéliens avaient été tués par un groupe d'hommes armés, probablement venus de la bande de Gaza en passant par le Sinaï et qui s'étaient infiltrés en territoire hébreu. En juin, un ouvrier israélien avait trouvé la mort dans un autre incident dont la responsabilité avait été revendiquée par un groupe djihadiste baptisé Magles Choura al Moudjahdinn.

Le groupe affirmait ne reconnaître aucune frontière "revendiquée ou imaginaire" entre des Etats musulmans. La responsabilité de l'attaque de dimanche n'a pas été revendiquée.