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L'opposition réclame un gouvernement de transition

Fort de ses soutiens au sein de l’armée, l’opposition malgache, menée par le maire destitué d’Antananarivo, Andry "TGV" Rajoelina, espère prendre rapidement le contrôle des postes clés du gouvernement et... de la police.

Un jour après que les militaires insurgés malgaches ont désigné un nouveau chef de l'armée, l’opposition menée par le maire destitué d’Antananarivo, Andry "TGV" Rajoelina, espère prendre rapidement le contrôle des ministères clés du pays.



Renforcée par la mutinerie au sein de l’armée, "l'opposition semble décidée à continuer le mouvement jusqu'à ce que le président quitte le pouvoir, explique Cyril Vanier, envoyé spécial de FRANCE 24 à Antananarivo, la capitale malgache. Leur stratégie consiste à prendre le contrôle progressivement mais efficacement, sur les sites clés, comme les ministères et la police”.

Les partisans de "TGV", apparemment sereins - pour ne pas dire optimistes -, ont confié au journaliste de FRANCE 24 qu’ils n’étaient pas pressés, affirmant que le temps jouait en leur faveur.

Depuis début 2009, une violente crise politique déchire Madagascar. Des centaines de manifestants descendent quotidiennement dans les rues de la capitale pour soutenir d'Andry Rajoelina. Ce dernier tente de renverser le président Marc Ravalomanana, qu’il accuse d’être affairiste et coupé d’une population durement touchée par la hausse des prix.

Le week-end dernier, une partie de l’armée s’est soulevée pour marquer son désaccord face à la répression menée par le gouvernement contre ces manifestations.

Une situation qui arrange l’opposition

Mercredi, l’un des militaires insurgés, le colonel Noël Ndriarijoana, s'est proclamé nouveau chef de l'armée et a mis fin à l’ultimatum de 72 heures imposé aux acteurs de la crise pour qu’ils trouvent une solution.

Les soldats mutins contrôleraient maintenant l'ensemble de la capitale. "Ils contrôlent les stocks d'armes, l'état-major de l'armée et ne rencontrent aucune résistance, ni de la police, ni de la gendarmerie, qui travaillent avec eux", indique l'envoyé spécial de FRANCE 24.

"Cette situation arrange l’opposition, analyse Cyril Vanier. Cela fait des semaines qu’ils tentent de mettre la main sur les ministères et, pour la première fois, ils ont le sentiment que l’armée ne va pas se mettre en travers de leur chemin. Un agent de police haut placé et membre du bureau politique de l'opposition m’a invité, vendredi, à une cérémonie durant laquelle il devrait prendre le contrôle de la police."

Un homme a été tué par l’armée

Dans la capitale Antananarivo, les violences se poursuivent cependant. "Chaque jour des partisans de 'TGV' se rassemblent sur la place de l'Indépendance, rapporte Cyril Vanier.

Un homme a été tué, mercredi en début d’après midi. Il aurait été abattu par l’armée qui tentait de disperser une manifestation organisée devant des bâtiments gouvernementaux.

"L’armée a commencé par tirer des coups de sommation en l'air pour éparpiller le rassemblement, mais je peux vous confirmer qu’ils ont tiré au moins une fois en direction de la foule parce que, lorsque je suis arrivé, après les premiers coups de feu, un homme était mort, raconte Cyril Vanier. Il avait reçu une balle dans la poitrine. Dans la foule, tout le monde racontait la même chose : il avait été tué par l’armée."

Notre journaliste ne peut en revanche pas préciser si l’homme était un des manifestants anti-gouvernemental ou un simple passant. Ce décès s’ajoute au 135 déjà recensés depuis que le conflit larvé entre "TGV" et le président s'est transformé en crise générale, à la mi-janvier.

Au bord de la guerre civile

La crise politique meurtrière a estropié l'économie de la Grande Île, affectant en particulier le tourisme et les investissements étrangers, des secteurs vitaux pour Madagascar.

Mercredi, les médias locaux citaient l'ambassadeur américain, Niels Marquardt, qui affirme que le pays est "au bord de guerre civile". Des propos sont un peu excessifs, pour Cyril Vanier.

"Il a raison de dire que les institutions sont paralysées, que le gouvernement n’a plus de pouvoir et que l’armée s’est mutinée, admet le journaliste de FRANCE 24, mais les civils se portent bien. Et ne se battent pas."