Plusieurs raids de combattants séparatistes kurdes ont fait 22 morts, dimanche, dans le sud-est de la Turquie, près de la frontière irakienne. Le conflit, qui dure depuis 28 ans, s'est intensifié ces dernières semaines.
AFP - Une attaque de rebelles kurdes contre un poste de l'armée dans le sud-est de la Turquie a fait 22 morts, a indiqué dimanche un gouverneur local cité par l'agence Anatolie.
A Ankara, le ministre de l'Intérieur Idris Naim Sahin a annoncé que 115 membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) avaient été tués en deux semaines d'opérations de l'armée contre les séparatistes kurdes dans cette région proche de la frontière avec l'Irak.
"Nous avons abouti à la conclusion que 115 membres de l'organisation terroriste séparatiste ont été neutralisés après une offensive intense lancée les 23 et 24 juillet", a déclaré le ministre, cité par l'agence.
Dans l'attaque des rebelles contre un poste de l'armée situé dans un village de la province d'Hakkari, six soldats, deux gardes de village et 14 combattants kurdes ont été tués, selon le dernier bilan officiel.
Trois femmes figurent parmi les victimes des soldats turcs, a précisé le gouverneur de la province, Orhan Alimoglu.
Quinze soldats, un garde de village et cinq civils ont été blessés dans les échanges de tirs qui ont suivi l'attaque, selon le gouverneur.
Les combattants du PKK ont lancé des assauts simultanés sur trois postes militaires à la frontière, faisant des victimes dans le village de Gecimli, a rapporté la chaîne de télévision privée NTV.
Ankara a lancé il y a deux semaines une large offensive terrestre et aérienne contre le PKK, déployant quelque 2.000 soldats dans la région pour tenter de chasser les rebelles de la ville de Semdinli.
Cette offensive intervient alors que selon certaines informations, des rebelles kurdes auraient pris le contrôle d'une partie du nord de la Syrie et que les affrontements entre les forces du régime du président Bachar al-Assad et l'opposition s'intensifient.
Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé Damas de laisser le champ libre aux rebelles kurdes dans le nord de la Syrie et a averti qu'Ankara n'hésiterait pas à frapper les "terroristes".
Selon Ankara, certains rebelles kurdes de Syrie ont été contraints de quitter leur refuge de la zone montagneuses du nord de l'Irak pour rejoindre cette région, après que l'armée turque eut organisé plusieurs raids aériens.
Les informations rapportant la prise de contrôle du nord de la Syrie par le Parti de l'union démocratique (PYD), allié syrien du PKK, a poussé Ankara à prendre des mesures diplomatiques et militaires pour neutraliser toute menace potentielle.
La Turquie a envoyé un convoi de chars, transportant des armes et des batteries de missiles sol-air vers la frontière avec la Syrie et organisé des manoeuvres militaires considérées par les médias comme une démonstration de force à l'encontre de Damas.
Depuis le début du soulèvement en Syrie, les relations entre les deux anciens alliés sont devenues exécrables. La Turquie réclame la fin de la répression contre l'opposition syrienne et le départ du président Bachar al-Assad.
Les rapports entre Ankara et Damas se sont encore aggravés après qu'un avion de combat turc F-4 a été abattu par la Syrie le 22 juin au large de ses côtes, tuant les deux pilotes et amenant Ankara à mettre Damas au rang des opposants "hostiles".
Damas récuse les accusations de la Turquie et affirme qu'Ankara apporte son soutien à des "terroristes" dans le but de faire tomber le régime syrien, faisant référence au repli de soldats de l'Armée syrienne libre en territoire turc près de la frontière.
La semaine dernière, le chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu s'est rendu dans le nord de l'Irak pour évoquer avec le leader kurde irakien Massoud Barzani la situation dans le nord de la Syrie.
"La nouvelle Syrie devrait être libérée de tout groupe ou organisation terroriste ou extrémiste", ont déclaré les deux hommes dans un communiqué.
Bien que la Turquie ait noué des liens avec le gouvernement régional kurde du nord de l'Irak, Ankara est opposée à l'idée d'un Etat kurde séparé.
Le PKK lutte depuis 1984 contre l'autorité d'Ankara, sa revendication évoluant de l'indépendance vers l'autonomie du sud-est anatolien, peuplé en majorité de Kurdes. Le conflit a fait plus de 45.000 morts.