
Alors que l'opposition planche sur la composition d'un gouvernement de transition, les violentes manifestations se poursuivent à Antananarivo, la capitale malgache. Mercredi, l'armée aurait abattu un homme en pleine rue.
Un homme a été tué, mercredi en début d’après midi, à Antananarivo, la capitale de Madagascar. Il aurait été abattu par l’armée qui tentait de disperser une manifestation organisée devant des bâtiments gouvernementaux.
"L’armée a commencé par tirer des coups de sommation en l'air pour éparpiller le rassemblement, mais je peux vous confirmer qu’ils ont tiré au moins une fois en direction de la foule parce que, lorsque je suis arrivé, après les premiers coups de feu, un homme était mort, raconte Cyril Vanier, envoyé spécial de FRANCE 24 à Madagascar. Il avait reçu une balle dans la poitrine. Dans la foule, tout le monde racontait la même chose : il avait été tué par l’armée."
Notre journaliste ne peut en revanche pas préciser si l’homme était un des manifestants anti-gouvernemental ou un simple passant. Ce décès s’ajoute au 135 déjà recensés depuis que le conflit larvé entre Andry "TGV" Rajoelina, le maire destitué de la capitale, et le président Marc Ravalomanana s'est transformé en crise générale, à la mi-janvier.
Fin 2008, "TGV", alors maire de Antananarivo, s'est ouvertement opposé au chef de l'Etat malgache, qu’il accuse d’être affairiste et coupé d’une population durement touchée par la hausse des prix. Depuis, les manifestations - parfois violentes - se multiplient.
"Chaque jour des partisans de 'TGV' se rassemblent sur la place de l'Indépendance, rapporte Cyril Vanier. Renforcée par la mutinerie, l'opposition semble décidée à continuer le mouvement jusqu'à ce que le président quitte le pouvoir."
Les soldats mutins contrôleraient la capitale
Depuis le week-end dernier, une partie de l’armée s’est soulevée pour marquer son désaccord avec la répression menée par le gouvernement contre les manifestants hostiles au chef de l'Etat.
Les soldats mutins contrôleraient maintenant l'ensemble de la capitale. "Ils contrôlent les stocks d'armes, l'état-major de l'armée et ne rencontrent aucune résistance, ni de la police, ni de la gendarmerie, qui travaillent avec eux", indique l'envoyé spécial de FRANCE 24.
Mercredi, l’un d’entre eux, le colonel Noël Ndriarijoana, s'est proclamé nouveau chef de l'armée malgache, obligeant le général Edmond Rasolomahandry, qui occupait alors cette fonction, à se retirer. Ce dernier avait donné aux différentes parties qui s'affrontent trois jours pour trouver une issue à la crise. Le nouveau chef de l'armée a, quant à lui, estimé que cet ultimatum n’avait pas lieu d’être.
L’opposition prépare son gouvernement
Les chances d’une résolution rapide du conflit s’amenuisent, tandis que l’opposant Andry Rajoelina a fait savoir qu'il boycotterait les "assises nationales" qui devaient s'ouvrir jeudi. Organisées sous l'égide de la médiation des Nations unies et du Conseil chrétien des églises à Madagascar, ces assises, censées dessiner une sortie de crise négociée, ont été reportées sine die.
Bien que servi par l’insurrection militaire, "TGV" aurait pris ses distances avec les mutins. Ses partisans, apparemment sereins - pour ne pas dire optimistes -, ont confié aux journalistes de FRANCE 24 qu’ils n’étaient pas pressés, affirmant que le temps jouait en leur faveur.
"Ils commencent déjà à nommer certains ministres du futur gouvernement de transition, explique Virginie Herz, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Madagascar. Ils nous ont d’ailleurs précisé qu’un ministère serait peut-être pourvu dès aujourd’hui", rapporte également la journaliste.