logo

L'armée syrienne s'apprête à lancer un assaut décisif sur Alep

L'armée syrienne et les insurgés ont engagé une bataille pour le contrôle d'Alep, deuxième ville du pays et bastion crucial pour l'avenir de Bachar al-Assad. Les chancelleries occidentales disent redouter un massacre.

La ville d’Alep, deuxième ville de Syrie, constitue un enjeu crucial du conflit entre le régime de Bachar al-Assad et les rebelles. Située dans le nord-ouest du pays à une cinquantaine de kilomètres de la frontière turque, la métropole, dont certains quartiers sont aux mains de l'insurrection, est mitraillée depuis ce vendredi 27 juillet par les hélicoptères des forces gouvernementales.

Une contre-offensive majeure

it
Le régime syrien continue d'enregistrer d'importantes défections

Le régime de Bachar al-Assad n’entend pas céder Alep, dont plusieurs quartiers, comme Salaheddine (sud-ouest), ont été bombardés, ce vendredi, par les hélicoptères de l’armée syrienne. Si les révolutionnaires affirment contrôler 70 % de la ville, les hommes d’Assad disposent d’une puissante artillerie lourde.

La répression et les combats ont fait 59 morts ce vendredi dont 27 civils, 17 soldats et cinq rebelles, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis ce vendredi, des troupes du régime massées aux abords de la deuxième plus grande ville du pays se tiennent prêtes à lancer l’assaut et les forces rebelles s’attendent à ce que le régime déploie des moyens militaires d’attaques massives. Les combats s’annoncent difficiles car les rebelles sont installés dans de petites ruelles. "Les civils quittent la capitale économique du pays", a affirmé un combattant à Salaheddine joint au téléphone par l’AFP.

"Des renforts militaires sont arrivés à Alep et nous nous attendons à tout moment à une offensive majeure", a affirmé le porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL), le colonel Abdel Jabbar al-Okaidi, joint depuis Beyrouth via Skype par l'AFP. Le militaire affirme qu’une centaine de chars et de nombreux autres véhicules militaires sont arrivés dans Alep, où un nouveau front s'est ouvert.

Une centaine de partisans de Bachar al-Assad, des militaires et des miliciens, ont été capturés cette semaine par les insurgés à Alep, a annoncé l'OSDH.

En dépit des violences, plusieurs manifestations se déroulaient à Alep, notamment dans les quartiers d'Alep al-Jadida (Nouvel Alep, ouest), Midane et Khaldiyé (nord), Boustane el-Kasr, Hanano City (est) et Hamdaniyé (sud-ouest).

Ailleurs dans le pays, de violents combats se sont déroulés à Maaret al-Noomane, dans la région d'Idleb (nord-ouest), où une femme et son garçon ont été tués par des obus qui se sont abattus sur la ville.

Les puissances occidentales craignent un désastre humanitaire

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "vivement préoccupé par l'intensification des violences à Alep" et a exhorté "le gouvernement syrien à arrêter l'offensive".

La diplomatie américaine pour sa part redoute déjà un "massacre" à Alep. Au regard de la situation, les ambassades occidentales appellent les journalistes à la plus grande prudence. "La situation est très dangereuse", a insisté Bernard Valéro, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. De son côté, William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, craint une "escalade absolument inacceptable" du conflit.

Dans un communiqué publié à Genève, le Haut Commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies, Navi Pillay, a exprimé son inquiétude face à "la probabilité d'une confrontation majeure imminente" entre les insurgés et les forces loyales au président Bachar al-Assad.

L'OSDH indique que plus de 19 000 personnes au total, en majorité des civils, ont péri dans les violences en Syrie depuis mars 2011.

Alep, une place stratégique

Si Alep tombe, "le régime est fini et les deux adversaires le savent", a estimé, mercredi, Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH. Pour les deux camps, la métropole d'Alep est "extrêmement importante, a affirmé à l’AFP Ignace Leverrier, ancien diplomate français en poste en Syrie. Pour le régime, c'est une ville commerciale dans laquelle il a beaucoup d'alliés, notamment parmi les hommes d'affaires sur lesquels il compte pour financer une partie de son effort de guerre." Et d'ajouter, "pour les rebelles, la ville est la clé de la Syrie du Nord."

La frontière turque n’est qu’à une cinquantaine de kilomètres d’Alep. En plus d’accueillir des réfugiés civils dès les premiers jours de la crise, estimés à 44 000 selon la Turquie, Ankara a également ouvert ses frontières aux centaines de déserteurs et opposants politiques syriens.