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L'armée et les insurgés envoient des renforts à Alep

Des renforts de l'armée régulière et des rebelles affluent en direction d'Alep, la deuxième ville de Syrie aujourd'hui considérée comme un verrou stratégique dans la bataille qui oppose les insurgés aux troupes du régime.

AFP - L'armée syrienne et les rebelles acheminaient mercredi des troupes vers Alep, deuxième ville de Syrie où se joue désormais une bataille décisive entre les opposants et le régime, qui tente parallèlement d'écraser l'une des dernières poches de résistance dans la capitale Damas.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté la communauté internationale à agir pour faire cesser le "massacre", alors que la moitié des 300 observateurs de l'ONU ont quitté la Syrie, selon un responsable de l'ONU, leur présence ayant échoué à mettre un terme à la spirale de violences.

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Précisions avec notre correspondante Perrine Mouterde, au Liban (26/07)

La répression et les combats ont fait au moins 108 morts mercredi --57 civils, 36 soldats et 15 rebelles --, selon une ONG syrienne.

Alep, poumon économique du pays resté au départ à l'écart de la révolte qui secoue la Syrie depuis mars 2011, a sombré depuis vendredi dans un conflit ouvert entre le régime de Bachar al-Assad et l'Armée syrienne libre (ASL).

"Des centaines de rebelles venus de tout le nord de la Syrie arrivent à Alep" pour "la bataille décisive", a indiqué le correspondant d'un journal syrien dans la ville, précisant qu'une "dizaine de quartiers périphériques" sont toujours aux mains des insurgés.

Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) signale de son côté que depuis 48 heures l'armée envoie des renforts "par la route internationale Damas-Alep", faisant état de deux attaques rebelles contre des convois militaires pour retarder leur arrivée.

Si Alep tombe, "le régime est fini et les deux adversaires le savent", estime M. Abdel Rahmane.

Des accrochages ont éclaté dans plusieurs quartiers de la ville, et des hélicoptères de l'armée ont mitraillé le secteur, selon l'OSDH.

Un quartier à Damas mitraillé par hélicoptère

A Damas, l'armée régulière, qui a repris lundi le contrôle de la plus grande partie de la capitale selon l'OSDH, bombardait Hajar el-Aswad (sud), un des derniers bastions rebelles de la ville, faisant usage d'hélicoptères et de mitrailleuses lourdes, selon l'OSDH.

A ce propos, la Maison Blanche a estimé que le recours à des hélicoptères d'attaque par le régime syrien démontrait sa "perversité", et a condamné l'assaut en cours dans la ville d'Alep.

Mais dans le centre de Damas, la vie semblait suivre son cours, les habitants se pressaient d'acheter de la nourriture à la rupture du jeûne du ramadan, alors que plusieurs rues étaient coupées à la circulation par des agents de la sécurité.

Alors que les violences redoublent dans le pays, où plus de 19.000 personnes ont perdu la vie depuis mars 2011 selon l'OSDH, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a indiqué que la moitié des 300 observateurs avait quitté le pays.

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Entretien avec Bachir AL-HAJJI, porte-parole de la brigade rebelle de l'Unicité à Alep

M. Ladsous et le général Babacar Gaye, principal conseiller militaire de l'ONU et désormais à la tête des observateurs, sont arrivés à Damas alors que leur mission a été prolongée pour une "ultime période de 30 jours".

Nouvelle défection d'une diplomate

Après l'ambassadeur syrien en Irak, la chargée d'affaires syrienne à Chypre, Lamia Hariri, a fait défection, a indiqué une source syrienne.

Le mari de Mme Hariri, ambassadeur syrien aux Emirats arabes unis, aurait également quitté son poste, selon Al-Jazeera, ce que la source syrienne n'a pas confirmé.

De son côté, le général Manaf Tlass, plus haut gradé à avoir déserté, a appelé les Syriens à "s'unir (...) pour construire une nouvelle Syrie", dans sa première déclaration publique depuis sa défection le 6 juillet.

L'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a indiqué que son pays était prêt à organiser des contacts à Moscou entre le pouvoir syrien et l'opposition dans le but de favoriser un "dialogue inter-syrien".

La Russie avait déjà fait une proposition similaire en mai dernier mais les deux camps n'avaient pas donné suite.

A Berlin, une cinquantaine d'opposants syriens, dont d'anciens généraux, des experts économiques et juridiques, et des représentants des composantes ethniques ou religieuses de la Syrie travaillent à la rédaction d'une nouvelle Constitution dans l'optique d'un changement de régime, a annoncé mercredi la Fondation Sciences et Politique (SWP), qui les aide.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a exhorté les rebelles "à sécuriser les armes chimiques et bactériologiques" du régime. Mardi, l'ASL a affirmé que le régime avait "transféré certaines de ses armes chimiques (...) vers des aéroports à la frontière".

Israël a répliqué mercredi qu'il agirait de façon "immédiate" et aussi "dure que possible" en cas de transfert d'armes chimiques au Hezbollah libanais.

Moscou a toutefois assuré que Damas lui avait donné des "garanties fermes" selon lesquelles ses armes chimiques se trouvaient en parfaite sécurité.