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Le gouvernement renforce le bonus écologique pour les voitures "propres"

Dans son plan de soutien à la filière automobile dévoilé ce mercredi, le gouvernement a annoncé, entre autres, que le bonus écologique passerait à 7 000 euros pour l'achat d'un véhicule électrique et à 4 000 euros pour un hybride.

AFP - Le gouvernement va augmenter le bonus écologique pour les voitures "propres" et soutenir financièrement les acteurs d'un secteur automobile à la peine, à l'image de PSA qui a dévoilé mercredi une perte pire qu'attendu et qui doit détailler son plan de suppression de 8.000 postes.

Le plan du gouvernement "s'inscrit avec une très, très grande détermination dans le redressement de la filière automobile, c'est un acte extrêmement important, il faut faire face aux urgences, celles des plans sociaux", a déclaré Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, dans la cour de l'Elysée, à l'occasion du Conseil des ministres qui l'a validé.

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"Une mesure importante" (Arnaud Montebourg)

Le président François Hollande a salué un "plan global" et "inscrit dans la durée", a déclaré la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.

Le gouvernement prévoit de faire passer le bonus pour les véhicules électriques de 5.000 euros à 7.000 euros et de 2.000 à 4.000 euros pour les hybrides, mais ce bonus sera conditionné au maitien des prix de ventes par les constructeurs.

Il prévoit aussi que l'Etat n'achète plus que des véhicules "à usage urbain" électriques. Le gouvernement devrait également demander la mise sous surveillance de l'accord de libre échange UE-Corée, accusé d'ouvrir la porte de l'Europe aux voitures coréennes très compétitives.

Le projet prévoit des facilités de financement pour les équipementiers et constructeurs en difficulté face à la baisse des ventes automobiles en Europe, et de réorienter des investissements déjà prévus vers la recherche et le développement (R&D).

Au total, 350 millions d'euros de crédits "d'investissements d'avenir" seront "réorientés" pour les constructeurs, la banque des PME Oseo devrait mobiliser 150 millions d'euros pour "soutenir" la trésorerie des sous-traitants, et ils pourront solliciter plus de 450 millions d'euros de financement.

"Excellente chose"

Les aides à l'innovation sont "excellente chose" a réagi Philippe Varin, patron de PSA, la locomotive du secteur automobile français qui a publié de très mauvais résultats financiers dans la matinée.

Le groupe, qui a commotionné l'ensemble du secteur et le gouvernement en annoncant le 12 juillet un plan de suppression de 8.000 postes et la fermeture prochaine du site d'Aulnay-sous-bois, a subi une perte nette de 819 millions d'euros au premier semestre, quatre fois supérieure à celle anticipée par les analystes interrogés par Dow Jones Newswires. Mercredi, l'agence de notation Fitch a dores et déjà abaissé la note de PSA d'un cran, passant de BB+ à "BB" après la publication des résultats semestriels.

Cela n'empêchait pas l'action du groupe de progresser de 1,28% à 6,32 euros dans un marché en hausse de 0,56% vers 12H15.

Les analystes saluaient les mesures d'économies de 1,5 milliard d'euros annoncées mercredi à l'horizon 2015.

Les performances du groupe sont scrutées par l'ensemble du secteur automobile, et par les syndicats qui étaient réunis en Comité central d'entreprise (CCE) ce matin au siège parisien du groupe, avenue de la Grande Armée.

"Ce n'est pas aux salariés du groupe de payer la note", a réagi Jean-Pierre Mercier, délégué CGT, après la publication des résultats.

Plusieurs centaines de salariés venus des sites d'Aulnay et de Rennes s'étaient réunis devant le bâtiment parisien au pied d'une banderole "Non à la fermeture de PSA Aulnay", tandis que dans un brouhaha terrible certains salariés criaient "Varin assassin!".

Faire le maximum

Les élus du personnel ont demandé à l'unanimité la désignation d'un expert-comptable pour examiner les finances du groupe. Il devrait débuter sa mission le 27 août, ce qui permet de repousser "provisoirement la machine à licencier". "C'est un petit point mais dans la longue guerre qu'on va mener, il n'y a pas de petits pas", selon M. Mercier.

Ce CCE vient après plusieurs jours de tension avec le gouvernement et sera l'occasion d'en savoir plus sur les suppressions de postes, la fermeture d'Aulnay-sous-Bois, la réduction de l'activité à Rennes (Ille-et-Vilaine) et l'impact pour les autres sites.

"Nous avons déposé un projet pour 8000" suppressions des postes a déclaré à la presse M. Varin, ajoutant que "techniquement si vous changez le chiffre, vous reprenez la procédure".

"Le projet deviendra plan dans la forme qui résultera de la consultation j'espère d'ici à la fin de cette année", a-t-il ajouté.

Reçu lundi par Jean-Marc Ayrault, il s'était engagé à éviter les licenciements secs et à "faire le maximum" pour la "réindustrialisation" du site d'Aulnay dans le cadre de ce plan jugé "inacceptable" en l'état par le président François Hollande le 14 Juillet.

M. Ayrault, qui s'est impliqué dans le dossier, a reçu mercredi matin Carlos Ghosn, le patron de l'autre constructeur français, Renault, qui n'a fait aucun commentaire sur le plan.

Quant à M. Montebourg, monté au front sur plusieurs dossiers très médiatiques, dont l'usine de Rio Tinto à Saint-Jean-de-Maurienne, menacée de fermeture, ou la restructuration en cours chez Sanofi, il reste critiqué pour ses procédés.

A l'UMP, François Fillon l'a qualifié d'irresponsable, tandis que Jean-François Copé l'accusait de "menacer des milliers d'entreprises" et d'emplois.

"Il y a un plan global qui devrait apporter un soutien fort à cette filière", s'est félicité le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux.

Tags: PSA, Automobile, France,