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Le régime syrien est toujours engagé dans une vaste contre-offensive, avec chars et hélicoptères, à Damas et les combats avec les rebelles font rage à Alep. Ce lundi, La Ligue arabe a pressé Assad de quitter le pouvoir en échange d'une sortie sûre.

AFP - Les soldats syriens, appuyés par des chars et des hélicoptères, livraient bataille dimanche aux rebelles pour reprendre des quartiers de Damas et d'Alep, la 2e ville de Syrie dont l'Armée syrienne libre (ASL) a annoncé le début de la bataille de "libération".

Les pays de la Ligue arabe ont eux pressé le président Bachar al-Assad de renoncer rapidement au pouvoir pour s'offrir une sortie "sûre" du pays et appelé "l'opposition et l'ASL (...) à former un gouvernement d'unité nationale", a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassam Al-Thani.

Au moins 123 personnes - 59 civils, 27 combattants civils, 3 déserteurs et 34 soldats - ont été tuées dans les violences dimanche, selon un bilan invérifiable de l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH), selon lequel plus de 19.000 personnes ont péri en 16 mois de révolte.

La situation aux frontières de la Syrie, dont les points d'entrée sont disputés entre l'armée et les groupes rebelles, suscite l'inquiétude dans les pays voisins, à l'instar d'Israël - qui craint que des armes chimiques syriennes tombent aux mains du parti chiite Hezbollah -, ou de la Jordanie qui veut empêcher "toute sorte d'infiltrations" sur son territoire.

La présidence américaine a elle mis en garde Damas dimanche sur son arsenal d'armes chimiques, estimant que les membres du régime devraient rendre des comptes s'ils n'en assuraient pas la sécurité.

La Turquie, qui accueille des dizaines de milliers de réfugiés, a renforcé son dispositif le long de la frontière en déployant des batteries de missiles sol-air à Mardin (sud-est). La police turque a par ailleurs réprimé à coups de grenades lacrymogènes et de matraques les Syriens qui leur jetaient des pierres pour protester contre leurs conditions de vie dans le camp de réfugiés.

Les rebelles contrôlent un poste-frontière vital avec l'Irak, et trois avec la Turquie.

Dans la capitale syrienne, où le régime a jeté ses unités d'élite dans la bataille selon des militants, l'armée a lancé une offensive contre les quartiers de Barzé (nord-est), Roukneddine (nord) et Mazzé (ouest).

Les autorités ont en outre annoncé que l'armée avait "nettoyé" le quartier de Qaboune (est) et qu'un grand nombre de "terroristes" y avait été tué.

La télévision d'Etat a diffusé des images de corps de rebelles tués selon elle à Qaboun et a affirmé que certains étaient Egyptiens et Jordaniens en montrant ce qu'elle a présenté comme leurs cartes d'identité.

Selon l'OSDH, des dizaines de corps jonchaient encore les rues de certains quartiers de Damas, les rebelles ne pouvant les récupérer en raison de la présence de l'armée. Des centaines de soldats sont ainsi déployés, selon l'OSDH, dans le quartier de Mazzé.

Les forces régulières, appuyées par des chars et des hélicoptères, ont également pris pied dans Barzé, selon l'OSDH qui a fait état du retrait des combattants rebelles et d'un exode massif des habitants.

Selon un militant s'identifiant par le nom d'Abou Omar, joint via Skype par l'AFP, l'armée se bat également dans le quartier de Roukneddine, à forte composante kurde, et les autorités ont lancé des tracts appelant les habitants à l'évacuer.

"Début de la bataille de libération d'Alep"

Les rebelles se battent depuis près d'une semaine pour la "libération" de Damas, mais l'armée a répliqué vendredi par une contre-offensive qui lui a permis notamment de reconquérir le quartier de Midane.

Dimanche, l'ASL, composée de déserteurs et de civils armés, a appelé à la "libération" d'Alep et s'est engagée à y protéger les minorités, notamment chrétiennes et alaouites.

Dans une vidéo postée sur YouTube, le colonel Abdel Jabbar al-Okaidi, commandant du conseil militaire de l'ASL pour la province d'Alep (nord), a affirmé que l'ASL avait jusqu'à présent "réussi à libérer la plupart des positions aux alentours d'Alep".

Un nouveau front s'était ouvert vendredi dans cette ville, capitale économique de la Syrie, et des combats y opposent depuis plusieurs jours l'armée régulière à l'ASL qui a notamment pris le contrôle du quartier de Salaheddine.

Selon un militant, l'ASL tient en outre partiellement les quartiers de Sahour (est), Hanano (est) et Sayf al-Dawla.

L'agence officielle syrienne Sana a pour sa part affirmé que les forces armées "pourchassent depuis dimanche matin les terroristes à Alep".

Des combats ont été également signalés dans l'est du pays, à Deir Ezzor et dans la localité de Boukamal, proche de la frontière avec l'Irak, ainsi qu'à Homs, dans le centre du pays, un des principaux foyers de la contestation.

Un militant du Golan qui s'est identifié comme Abou Mohamed a indiqué au téléphone à l'AFP que les forces du régime bombardaient depuis l'aube la localité de Jabata al-kachab, limitrophe du Golan occupé par Israël, où des déserteurs et des rebelles se sont regroupés.

A ce propos, Israël a annoncé dimanche avoir déposé une plainte auprès du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour l'infiltration de soldats syriens la semaine dernière dans une zone démilitarisée sur le plateau du Golan.

Dans une tentative de montrer la stabilité du pouvoir, le Premier ministre syrien Riad Hijab a affirmé devant le parlement que la "priorité" de son gouvernement formé le 23 juin était la préservation de la sécurité.

Et quatre jours après l'attentat qui a tué quatre hauts responsables de l'appareil de répression, le président Assad a reçu le général Ali Ayoub, nouveau chef d'état-major de l'armée. Ce dernier remplace Fahd al-Freij, nommé ministre de la Défense après la mort dans l'attentat du général Daoud Rajha.