Sauf surprise, Bradley Wiggins devrait remporter, ce dimanche, sur les Champs-Élysées, le Tour de France 2012. Âgé de 32 ans, le leader de l'équipe Sky deviendra alors le premier Britannique à remporter une Grande Boucle.
AFP - Avant de devenir le premier Anglais vainqueur du Tour de France, Bradley Wiggins s'est affirmé en patron dans la 19e étape du Tour de France, samedi, dans le contre-la-montre de Chartres.
Wiggins, aux allures de dandy typiquement anglais, a rétabli la hiérarchie au sein de l'équipe Sky, dominatrice dans ce Tour 2012. Aux dépens de Chris Froome qui, s'il a été devancé de 1 min 16 sec au bout des 53,5 kilomètres, a terminé deuxième de l'étape et a pris date pour l'avenir. Un futur vainqueur ?
L'écart a justifié en tout cas la stratégie de la formation britannique, remise en cause ici et là à cause de l'insolente facilité affichée par Froome en montagne. A la veille de l'arrivée, le "Kenyan blanc", le cadet de cinq ans de Wiggins, pointe à 3 min 21 sec de son chef de file.
"Beaucoup de questions ont été posées sur (la hiérarchie entre) Wiggins et Froome. Mais, dans ce Tour, il y avait plus de 100 kilomètres de contre-la-montre. C'est la spécialité de Bradley et il grimpe bien", a eu beau jeu de souligner Dave Brailsford, le grand manitou de Sky.
Thomas Voeckler, transformé provisoirement en observateur, a rendu hommage aux triomphateurs de l'épreuve: "Il faut leur tirer un coup de chapeau. Aux yeux de certains, ça manque peut-être de panache. Mais les résultats sont là. Ils sont aux deux premières places. On ne peut que leur donner raison."
A défaut de panache, cet ingrédient du cyclisme qui a souvent servi de cache-misère à des performances moindres, les chiffres parlent en faveur de "Wiggo". A Chartres, il a remporté son deuxième succès d'étape, lui qui n'avait encore jamais gagné sur le Tour lors de ses précédentes participations.
A Besançon, le 9 juillet, il avait distancé Froome de 35 secondes au terme des 41,5 kilomètres du premier grand contre-la-montre, soit une moyenne de moins d'une seconde gagnée par tranche kilométrique.
A Chartres, l'écart s'est avéré sensiblement supérieur sur un parcours, il est vrai, beaucoup plus roulant -près de 50 km/h de moyenne pour le vainqueur- et exposé au vent. Preuve d'une récupération remarquable du Londonien de 32 ans après trois semaines d'effort.
Cette qualité, fondamentale dans les grands tours qui sont avant tout une épreuve de fond, est partagée par Thibaut Pinot, auteur d'un parcours des plus encourageants jusqu'à la veille de l'arrivée.
Le Franc-Comtois, le plus jeune coureur du Tour (22 ans), a cédé cinq minutes et demie à Wiggins, hors norme sur ce terrain. Mais il a plafonné son retard à moins de deux minutes à des coureurs tels que l'Italien Vincenzo Nibali et le Belge Jürgen Van den Broeck, troisième et quatrième du classement général.
Le grimpeur de l'équipe FDJ-BigMat, grande révélation de la course, a fait mieux que Pierre Rolland, l'autre Français du haut du tableau (8e). Pour ne rien dire de l'Australien Cadel Evans (52e de l'étape !), à la dérive dans un exercice qui lui avait permis l'an passé de gagner le Tour sur la route de Grenoble.
Comment qualifier la probable victoire de Wiggins, à 120 kilomètres de la consécration sur les Champs-Elysées ?
"C'est une victoire à la Miguel Indurain ou, pour faire une référence française, à la Jacques Anquetil", a estimé le directeur du Tour, Christian Prudhomme, par référence à deux quintuples vainqueurs. "Il a dominé les contre-la-montre et il a résisté en montagne. En réalité, il a fait mieux que les grimpeurs en montagne à l'exception, sans doute, de son coéquipier".
Dans sa conférence de presse d'après-course, Wiggins a répondu aux critiques, à ceux qui ont trouvé le Tour fade, ennuyeux: "Ce sont les mêmes que ceux qui disent tous dopés." Et le Britannique de souligner: "Le Tour est devenu beaucoup plus humain. Si les gens veulent voir des échappées de 220 kilomètres en haute montagne, ce n'est plus réaliste. Aussi magiques qu'elles aient été quand je les regardais lorsque j'étais gamin dans les années 1990, Virenque et les autres... Mais peut-être que ce sport a changé maintenant..."
Wiggins a expliqué la stratégie suivie en montagne au long de cette 99e édition: "Nous nous fixons sur un tempo. Et si quelqu'un attaque on le laisse partir. On sait que c'est impossible de garder un rythme plus élevé longtemps, impossible d'être à 500 watts sur une montée de 20 kilomètres. A moins d'avoir deux ou trois litres de sang en plus !"