
Quatre personnes ont été tuées dans un quartier malinké de Duékoué (ouest de la Côte d'Ivoire) dans la nuit de jeudi à vendredi. En représailles, des jeunes s'en sont pris à un camp de réfugiés peuplé d'autochtones de l'ethnie guéré.
AFP - Quatre personnes ont été tuées dans la nuit de jeudi à vendredi à Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, déclenchant des représailles d'habitants contre des déplacés regroupés dans un camp à l'entrée de la ville, a-t-on appris de sources concordantes.
"Une attaque perpétrée dans la nuit de jeudi à vendredi dans le quartier Kôkôma de Duékoué, habité majoritairement par l'ethnie malinké (originaire du nord du pays, ndlr), a fait quatre morts", a déclaré à l'AFP un habitant, joint au téléphone depuis Abidjan.
Ce bilan a été confirmé par des sources sécuritaires occidentales et un journaliste local.
"En représailles, les jeunes de Kôkôma se sont attaqués au camp de déplacés de Niambly", peuplé surtout d'autochtones guéré, a affirmé l'habitant.
Selon plusieurs sources, les jeunes étaient accompagnés de militaires des Forces républicaines (FRCI) et de "dozos", chasseurs traditionnels servant de supplétifs aux forces de sécurité.
"Ils sont allés au camp, en ont d'abord détruit l'entrée, puis ils ont incendié le camp", a affirmé l'une des sources sécuritaires.
"Il y a la panique ici, les pensionnaires fuient le camp", a raconté une habitante. "Depuis ce matin ça tirait dans la ville, en ce moment on entend toujours des tirs du côté du camp de déplacés", a indiqué un employé du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), sous couvert d'anonymat.
Certains déplacés se sont réfugiés à la mission catholique de Duékoué.
Un militaire FRCI a affirmé que les forces armées étaient à la recherche des responsables non identifiés des quatre morts de Duékoué. "Nous n'avons pas encore mis la main sur eux", a-t-il dit.
En proie depuis des années à de graves tensions ethniques sur fond de conflits fonciers, l'Ouest reste la région la plus instable du pays plus d'un an après la fin de la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3.000 morts, dont des centaines à Duékoué et dans sa région.
Plus au sud, près de la frontière avec le Liberia, plusieurs attaques contre des villages ont fait début juin plus d'une vingtaine de morts, dont sept Casques bleus nigériens.