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Assemblée constituante : le pays attend la décision de la Haute Cour

La Haute Cour constitutionnelle égyptienne pourrait dissoudre l'assemblée chargée de rédiger la nouvelle Constitution du pays, ce mardi. Un évènement susceptible de raviver les tensions entre l'armée et les Frères musulmans.

REUTERS - La Haute Cour constitutionnelle égyptienne pourrait décider mardi de dissoudre l'assemblée chargée de rédiger la nouvelle Constitution, mesure de nature à ouvrir un nouveau front dans la lutte pour le pouvoir que se livrent l'armée et les Frères musulmans.

Les cent membres de l'assemblée constituante ont été désignés début juin par le parlement, alors dominé par les Frères musulmans, et dont la chambre basse a depuis été dissous à la demande de la Cour constitutionnelle.

Une première assemblée constituante avait été dissoute en avril sur décision de la justice après la démission de ses membres libéraux et d'autres éléments, comme les chrétiens coptes, qui s'élevaient contre la domination des islamistes, que ce soient les Frères musulmans ou leurs rivaux salafistes.

La nouvelle assemblée, malgré la présence accrue de représentants de l'Eglise copte, de juristes et de figure de la société civile, a également été l'objet de plaintes, notamment dues à la double appartenance de certains membres, également parlementaires.

"Où sont les poètes ? Où sont les artistes ?", s'est demandé Chahata Mohamed Chahata, l'un des avocats qui a porté plainte devant la Cour constitutionnelle, et qui se dit toujours préoccupé par le nombre d'islamistes présents parmi l'assemblée.

Dans ce qui a été vu comme une anticipation de la décision de la Cour, tous les membres de l'assemblée qui font aussi partie de la chambre haute ont cependant démissionné dimanche.

Par rapport à la dissolution d'avril, la décision de la Cour constitutionnelle se distinguera cependant par une rivalité accentuée entre l'armée et les Frères musulmans, dont l'un des membres, Mohamed Morsi, occupe désormais la présidence égyptienne.

Prudence des Frères musulmans

La branche politiques des Frères, le Parti de la justice et du développement (PJD) dispose d'une importante présence - 16 membres - au sein de l'assemblée constituante, alors que celle-ci doit décider de l'ampleur des rôles respectifs du président et de l'armée.

Dans l'attente de la décision de la Cour constitutionnelle les Frères musulmans se sont montrés prudent et n'ont pas voulu se prononcer sur la probabilité d'une dissolution de l'assemblée constituante, jugeant cependant par la voix de Mahmoud Ghozlan, porte-parole, que la perspective n'était pas "rassurante".

La Cour constitutionnelle doit également rendre mardi une décision sur une plainte qui demande la dissolution de la chambre haute du parlement, également dominée par les Frères, et une autre qui conteste la manière dont le Conseil suprême des forces armées (CSFA) s'est arrogé l'essentiel des pouvoirs législatifs, peu avant l'annonce de la victoire de Mohamed Morsi.

La Cour a déjà annulé le 10 juillet la convocation de la chambre basse demandée peu après son élection par Mohamed Morsi, qui était allé à l'encontre de le la dissolution ordonnée par la même juridiction, il y a un mois, et rendue effective par le CSFA.

La place centrale tenue la cours constitutionnelle dans le bras de fer entre l'armée et les islamistes est jugée excessive par plusieurs analystes pour qui les institutions judiciaires portent encore la marque de l'ancien président Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en février 2011.

"La dispute entre les Frères musulman et le Conseil suprême des forces armées est de nature politique et une décision de justice d'aidera pas à la résoudre", a déclaré Moustapha Kamel al Sayyid, politologue à l'université du Caire.

"Il faut une médiation politique est nécessaire, mais cela ne se produira pas dans l'immédiat", a-t-il ajouté. "Il n'y a pas de confiance, et il n'y pas d'acteur crédible capable de suggérer un compromis."