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Les Émirats arabes unis ont inauguré, dimanche, un nouvel oléoduc qui doit leur permettre de s'affranchir du couperet de l'Iran sur le détroit d'Ormuz pour fournir du pétrole au reste du monde.

Il aurait dû monter, il a baissé. Le prix du baril de brut a cédé 0,05 dollar sur le marché asiatique, ce lundi matin 16 juillet, pour s’établir à 102 dollars. Une suprise au lendemain des déclarations du chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général Hassan Firouzabadi, selon qui Téhéran avait “un plan” pour fermer rapidement le détroit d’Ormuz. Cette menace aurait dû faire s’envoler les prix de l’or noir tant ce passage, par lequel transite quotidiennement quelque 20 % de la production mondiale de pétrole, est vital pour les pays occidentaux.

De fait, les marchés se sont moins intéressés aux fanfaronnades du chef des armées iraniennes qu’au tanker qui a réceptionné, dimanche, au port de l’émirat de Fujaïrah, du pétrole en provenance d’Abou Dhabi. Cette cargaison a en effet marqué le coup d’envoi de l’utilisation par les Émirats arabes unis (EAU) d’un nouveau pipeline terrestre qui rend le passage par le détroit d’Ormuz un peu moins vital qu’auparavant. C’est la première ouverture d’un oléoduc dans la région en 30 ans.

“C’est un tournant important pour assurer un acheminement continu de pétrole en cas de tension sécuritaire dans le golfe Persique”, a expliqué, dimanche, Danny Sebright, président du Conseil économique américano-émirati de Washington, à la chaîne économique américaine Bloomberg. Important car jusqu’à présent les sept émirats dépendaient exclusivement du détroit d’Ormuz et de la bonne volonté iranienne pour acheminer les 2,5 millions de barils de pétrole produits quotidiennement vers le reste du monde.

L’Arabie saoudite aussi

Ce nouveau passage, appelé ADCOP (Abu Dhabi Crude Oil Pipeline), doit permettre de transporter “1,5 million de barils par jour (mbj) et bientôt 1,8 mbj”, a affirmé le ministre émirati de l'Énergie, Mohamed Ben Dhaen al-Hamili, en marge d'une conférence pétrolière à Abou Dhabi en juin dernier. De quoi s’affranchir, pour les EAU, d’une part importante de l'aléa iranien sur le détroit d’Ormuz qui tend à faire grimper les prix du pétrole en cette période de tensions entre les puissance occidentales, États-Unis en tête, et le régime des mollahs.

Cet enjeu stratégique a ainsi poussé les Émiratis à mettre 3,3 milliards de dollars sur la table pour financer la construction des 400 km de l'oléoduc. Le projet ADCOP remonte à 2006 et China Petroleum, nommé par Abou Dhabi maître-d’œuvre de ce giga-chantier, a commencé à construire le pipeline en 2008. Cette route, qui permettra de transporter la moitié des exportations de pétrole des EAU, a été finalisée avec plus d’un an de retard sur le calendrier initial. Pour les sept émirats, il a fallu arrondir les angles diplomatiques avec l’Iran, et, comme le rappelle Bloomberg , le chantier a connu accroc sur accroc. Au total, 270 défauts de fabrication ont été relevés tout au long de ce chantier, selon la chaîne américaine.

Les Émirats arabes unis ne sont pas les seuls à chercher, dans la région, à contourner le détroit d’Ormuz. L’Arabie saoudite aurait, selon le Financial Times, trouvé un moyen de réduire son “Ormuz-dépendance”. Le premier producteur mondial d’or noir aurait réactivé, en mars, deux oléoducs créés pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), que le royaume avait converti dans les années 1990 en gazoducs. Face à la tension grandissante dans la région, l’Arabie saoudite a donc, toujours selon le quotidien économique britannique, fait machine arrière et peut désormais transporter 5 mbj via Petroline.