L’Espagne est en crise, mais dans le monde des affaires, certains s'en sortent mieux que d'autres. C’est le cas des commerçants chinois arrivés pendant les années de boom économique et aujourd’hui à la tête d'entreprises à succès.
La rue Santa Isabel, dans le vieux centre de Madrid, semblait jusqu'à présent traverser les décennies sans jamais changer. Ses façades ocres et rouges, son vieux ciné Doré, sa fameuse académie de flamenco Amor de Dios ont servi de décors à plusieurs films de Pedro Almodovar. Aux étals du marché Anton Martin, les commerçants actuels n’étaient déjà plus tout jeune au moment de la Movida.
Ces derniers mois, plusieurs des bars typiques de cette rue, avec céramiques au mur, café serré et chorizo dans l’assiette, ont été cédés. Pour autant, rien n’y a changé. Les céramiques blanches et bleues sont restées sur les murs, le café est le même, le chorizo toujours dans l’assiette. Mais derrière le comptoir, ce sont désormais de jeunes Chinois qui préparent les tapas et encaissent les consommations.
Voilà qui vient alimenter ce que tout commerçant de quartier vous dira à Madrid : quand un local commercial avec du potentiel est à vendre, c’est un Chinois qui l’achète et cash. À force de travail et d’ingéniosité, un certain nombre de ces Chinois sont en train de devenir les nouveaux riches de Madrid.
Agés pour la plupart de moins de 45 ans, il sont arrivés en Espagne il y a dix ans avec seulement cent dollars en poche. Aujourd’hui, ils roulent en SUV, Rollex au poignet. Sinistrée, l’Espagne semble être le terreau parfait pour leur réussite fulgurante.
En Espagne, un nouvel entrepreneur sur quatre est un Chinois
Quel est leur secret, au moment où la même génération d’Espagnols n’en finit plus de s’enfoncer dans la crise et le chômage de masse ? Sont-ils en train de racheter les richesses du pays en même temps que leur État rachète la dette ?
Les Chinois sont officiellement près de 165 000 à vivre en Espagne. Ils ne sont pas très nombreux en comparaison avec d’autres communautés étrangères (un million de Roumains résident dans le pays). Mais quand il s’agit de faire des affaires, ils surpassent tout le monde. Aujourd’hui en Espagne, un nouvel entrepreneur sur quatre est un Chinois.
Ils le disent ouvertement : la crise est leur opportunité. Il y a quelques années, ils étaient spécialisés exclusivement dans la vente en gros de produits manufacturés chinois et les restaurants. Aujourd’hui, ils investissent de nouveaux secteurs qu’ils jugent porteurs, en achetant les traditionnels bars à tapas, et surtout en faisant une entrée très remarquée dans le secteur de l’immobilier laminé par l’éclatement de la bulle.
FRANCE 24 a rencontré Mao Feng, l’un des grands entrepreneurs de Madrid, et Amanda Kuo, consultante et étoile montante du business chinois de la capitale. Ils nous ont fait entrer dans la communauté chinoise et livré dans ce reportage quelques clés de leur succès.