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Déjà emprisonné, Najib Razak, l'ancien Premier ministre de Malaisie a été reconnu coupable vendredi de l'ensemble des 21 chefs d'accusation de blanchiment d'argent. à son encontre. Une décision de justice qui risque de le maintenir pour des années derrière les barreaux.
Sur cette image d'archives, l'ancien Premier ministre malaisien Najib Razak s'adresse aux journalistes devant la Cour fédérale pendant une pause d'audience, à Putrajaya, en Malaisie, le 23 août 2022. © Lai Seng Sin, Reuters

L'ancien dirigeant de 72 ans a été jugé coupable, vendredi 26 décembre, de quatre chefs d'accusation d'abus de pouvoir et de 21 chefs d'accusation de blanchiment d'argent. Ce procès est lié au scandale de corruption du fonds souverain malaisien 1Malaysia Development Berhad (1MDB) et concernent des pots-de-vin présumés d'environ 2,28 milliards de ringgits (471 millions d'euros).

Le détournement de centaines de millions de dollars de ce fonds censé œuvrer au développement économique de la Malaisie, pour des dépenses privées comme l'achat d'un yacht géant ou des toiles de Monet ou Van Gogh, avait déclenché des enquêtes aux États-Unis, en Suisse et à Singapour.

L’audience de vendredi s’est ouverte vers 09 h 00 (01 h 00 GMT) devant la Haute Cour de Kuala Lumpur, réunie à Putrajaya, la capitale administrative de la Malaisie. Le président de la cour, Collin Lawrence Sequerah, a écarté les arguments de la défense selon lesquels de l'argent versé sur le compte de l'ex-Premier ministre provenait de dons du Moyen-Orient.

"Je considère que l'accusation a prouvé au-delà de tout doute raisonnable la culpabilité de l'accusé pour le premier chef d'accusation", a déclaré Collin Lawrence Sequerah. "Je déclare donc l'accusé coupable", a poursuivi le magistrat, qui a interrompu la lecture du long jugement pour la prière du vendredi après-midi.

Malaisie : l'ex-Premier ministre reconnu coupable d'abus de pouvoir et de blanchiment d'argent
Un partisan (à gauche) de l'ex-Premier ministre malaisien Najib Razak, habillé aux couleurs de son parti, se tient devant le palais de justice de Putrajaya, en Malaisie, le 26 décembre 2025. © Mohd Rasfan, AFP

Avant de reprendre et de déclarer : "ce tribunal déclare l'accusé coupable des 21 chefs d'accusation et le condamne en conséquence".

Dans ce procès, chaque chef d'accusation d'abus de pouvoir est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison et d'une amende pouvant atteindre cinq fois le montant du pot-de-vin.

"Contrôle absolu"

Fils de l'un des pères fondateurs de la Malaisie, Najib Razak, au pouvoir de 2009 à 2018, purge déjà une peine de six ans de prison, après avoir été condamné dans une autre affaire liée à ce scandale.

L'ex-dirigeant a présenté des excuses pour cette affaire qui s'est déroulée pendant son mandat, mais maintient qu'il ignorait tout des transferts illégaux provenant du fonds, aujourd'hui dissous.

Malaisie : l'ex-Premier ministre reconnu coupable d'abus de pouvoir et de blanchiment d'argent
Panneau d'affichage de l'ancien fonds souverain 1MDB, à Kuala Lumpur, en Malaisie, le 22 septembre 2015. © Manan Vatsyana, AFP/Archives

Selon le parquet, Najib Razak a pourtant profité de ses positions de Premier ministre, ministre des Finances et président du conseil consultatif du fonds pour transférer d'importantes sommes de la société vers son compte personnel il y a plus de 10 ans.

L'accusation a présenté des relevés bancaires, les déclarations de plus de 50 témoins et d'autres documents à charge, tout en réfutant les arguments de la défense qui imputaient à l'homme d'affaires Jho Low (de son vrai nom Low Taek Jho) l'essentiel de la responsabilité de l'affaire.

Longtemps très proche de Najib Razak, il est considéré comme le cerveau du pillage du fonds d'investissement, mais il est actuellement en fuite. Le président de la cour a souligné vendredi que "les preuves (...) témoignent d’une relation dans laquelle Jho Low agissait comme un prête-nom ou un agent de l’accusé en ce qui concerne la gestion des affaires de 1MDB".

Les avocats de Najib Razak ont assuré que leur client ignorait que la direction de 1MDB travaillait main dans la main avec Jho Low pour détourner d'importantes sommes d'argent du fonds. L'avocat Muhammad Shafee Abdullah a affirmé à la presse la semaine dernière que Najib Razak n'avait "jamais bénéficié d'un procès équitable" et a réitéré ses accusations contre Jho Low.

Malaisie : l'ex-Premier ministre reconnu coupable d'abus de pouvoir et de blanchiment d'argent
L'ex-Premier ministre malaisien Najib Razak (au centre), au complexe de justice de Kuala Lumpur, en Malaisie, le 30 octobre 2024. © Mohd Rasfan, AFP/Archives

L'ancien dirigeant a néanmoins subi un revers lundi, se voyant refuser sa demande de commutation de sa peine existante en assignation à résidence.

Le scandale a joué un rôle majeur dans la défaite aux élections de 2018 de Najib Razak et de l'Organisation nationale unifiée des Malais (Umno), le plus ancien parti de Malaisie, qui était au pouvoir depuis l'indépendance de cette ex-colonie britannique en 1957.

Avec AFP