Le Comité international olympique (CIO) a réussi à convaincre notamment l'Arabie saoudite et le Qatar d'envoyer des athlètes féminines aux Jeux olympiques. Le pari de la parité est presque gagné : à Londres, 45 % des sportifs seront des femmes.
Au Comité international olympique (CIO), les officiels affirment que c’est un dossier qui leur "tient particulièrement à cœur" : faire des jeux de Londres ceux de la parité. Le Comité s’y est engagé en inscrivant l’an dernier dans sa charte olympique sa volonté de "soutenir la promotion des femmes dans le sport […] dans le but de mettre en œuvre le principe d’égalité entre hommes et femmes".
Depuis le 12 juillet, le Comité peut crier victoire. Après plusieurs semaines de pressions et de négociations, le CIO a fini par convaincre l’Arabie saoudite d’accepter d’envoyer des athlètes féminines à Londres. Riyad emboîte ainsi le pas au Qatar et au sultanat de Brunei qui avaient donné leur aval quelques mois plus tôt. Lors des Jeux de Pékin, en 2008, ces trois pays étaient les derniers à envoyer des délégations exclusivement masculines.
Le président du CIO, Jacques Rogge, se dit satisfait de voir que les efforts du Comité ont porté leurs fruits. "C’est une très bonne nouvelle et nous serons ravis d’accueillir à Londres ces deux sportives”, se réjouit-il en parlant de la judoka Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani et de la coureuse de 800 mètres Sarah Attar, deux Saoudiennes qui ont toutes deux été invitées par le CIO aux Jeux de Londres.
Pour l’heure, aucune précision n’a filtré concernant les conditions posées par l’Arabie saoudite. À moins d’un mois de la cérémonie d'ouverture, le prince Nawaf ben Fayçal, responsable du sport dans le royaume wahhabite, avait édicté trois principes : que l'athlète soit habillée selon les normes de la charia (loi islamique), qu’elle ait l'accord d'un proche parent qui l’accompagne et enfin le respect de la non mixité pendant la compétition.
La boxe féminine fait son entrée aux Jeux
Quelques heures plus tôt, le Qatar avait montré l’exemple en annonçant que la championne de tir Bahiya al-Hamad porterait le drapeau de son pays lors de la cérémonie d'ouverture. Des annonces qui viennent renforcer les progrès tangibles déjà réalisés par le CIO pour instaurer la parité aux Olympiades.
Londres, qui accueille pour la troisième fois les Jeux, témoigne d'une progression constante de la présence des athlètes féminines. Elles étaient 37 à participer aux premiers Jeux organisés dans la capitale britannique en 1908 (sur près de 2 000 athlètes) contre 390 en 1948 (sur près de 4 000 sportifs). Pour cet été, on évoque un taux de 45 % de participantes contre 42 % lors des Jeux de Pékin en 2008. Depuis, le président Jacques Rogge se plaît régulièrement à rappeler que son institution s'est ouverte aux femmes dès les Jeux de 1900, avant même que le droit de vote ne leur soit accordé par un pays industrialisé.
Cette année, les États-Unis peuvent se targuer d’envoyer - pour la première fois - plus de femmes que d'hommes dans leur délégation (269 contre 261). De son côté, Maria Sharapova sera la première femme porte-drapeau russe aux Jeux. Par ailleurs, pour la première fois dans l’histoire olympique, les femmes concourront dans toutes les disciplines au programme. Plus d’un siècle après l’introduction de la boxe anglaise aux Jeux (Saint-Louis, 1904), les boxeuses vont à leur tour pouvoir monter sur les rings olympiques cet été.
Loin des idées de Pierre de Coubertin
Mais sous cette apparente équité subsistent encore des discriminations, note Fabienne Broucaret, auteure de "Le sport féminin, dernier bastion du sexisme ?". "On ne peut pas parler d’égalité pure et dure puisque la discipline propose trois catégories aux femmes contre 10 aux hommes, précise-t-elle. C’est une contrainte réelle pour les athlètes qui se retrouvent à concourir contre des adversaires de poids différents."
Le bilan reste toutefois globalement positif. Surtout si l’on se réfère à la vision du père des Jeux olympiques modernes, Pierre de Coubertin, qui déclarait que "les JO doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devant être, avant tout, de couronner les vainqueurs". Mais des progrès restent encore à faire, notamment dans les instances dirigeantes du CIO. Le Comité, qui s’était engagé avant 2005 à réserver 20 % des postes à des femmes, compte seulement 20 femmes pour un total de 106 membres (soit 18,8 %).