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Le pays rend un dernier hommage à son ex-président

La Guinée-Bissau a rendu un dernier hommage à son ex-président, Joao Bernardo "Nino" Vieira, assassiné le 2 mars par des militaires en représailles au meurtre du chef d'état-major de l'armée, la veille, dans un attentat à la bombe.

La Guinée-Bissau a enterré son président Joao Bernardo "Nino" Vieira, assassiné le 2 mars à son domicile.

Des milliers de personnes ont suivi le cortège mais, parmi elles, aucun chef d’État en exercice n'a fait le déplacement. Seuls quelques gradés de l’état-major du pays étaient présents.


"Après la cérémonie, la foule est venue se recueillir sur la tombe de 'Nino' Vieira dans un élan qui semble être surtout un mouvement de curiosité", témoigne l'envoyée spéciale sur place de FRANCE 24, Hélène Frade.

Le président bissau-guinéen a été torturé puis tué par des militaires dans sa résidence, quelques heures après l’assassinat dans un attentat à la bombe de son rival historique, le chef d’état-major des armées, le général Batista Tagmé Na Waié. Une mort loin de la gloire qu’il a connue dans sa lutte contre les colons portugais, dans les années 70.

"Il faut se souvenir de notre glorieuse lutte armée et rendre hommage à l’un des plus charismatiques, des plus mythiques, commandants de la guérilla", a enjoint Carmen Pereira, ancienne présidente de l’Assemblée nationale, au cours de l’éloge funèbre.

"Nino", arrivé à la tête du pays après un coup d’État, en 1980, a joué un rôle primordial dans l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise, en 1974. "Il avait proclamé l’indépendance de sa propre voix", a rappelé Carmen Pereira.

Renversé en 1999, après deux ans de guerre civile, Vieira, revenu d’exil, avait été élu à la tête de l’État en 2005.

La commission d’enquête chargée de faire la lumière sur la mort du président et du général Na Waié devrait commencer ses travaux dans les jours à venir.

Les deux hommes nourrissaient une profonde haine l'un pour l'autre. Selon l’une des thèses avancées pour expliquer le double assassinat, ils se seraient entretués par clans interposés.

Une autre explication implique les narcotraficants qui règnent en maître sur le pays, surnommé la "Côte de la coke", car il est devenu une plaque tournante de la drogue entre l’Amérique latine et l’Europe.

"Nous vous le demandons puisqu’il est mort : arrêtons de nous entretuer une bonne fois pour toutes", a imploré Elisa, l’une des filles du défunt chef de l'État.


Le président par interim, Raimundo Pereira, doit organiser des élections présidentielles dans les deux mois qui viennent.