
Le spectre des années de plomb plane sur l'Irlande du Nord depuis les attaques perpétrées samedi et lundi contre des policiers britanniques. Maurice Goldring, historien, répond aux questions de FRANCE 24.
FRANCE 24 : Pourquoi ces attentats se produisent-ils maintenant ?
Maurice Goldring : Depuis la signature du cessez-le-feu en 1998, un certain nombre de personnes refusent la paix. Elles appartiennent à de très petites organisations qui refont le monde, parlent de politique. La décision d’agir samedi et lundi a été prise, à mon avis, de façon arbitraire. Il n’y a pas de raison particulière d'orchestrer un attentat maintenant. Au cours d’une discussion, ils ont dû se dire qu’il fallait faire parler d’eux. Se faire, en gros, un coup de publicité, faire savoir qu’ils existent encore.
FRANCE 24 : Existe-t-il, en Irlande du Nord, un terreau favorable à la radicalisation et au retour de la violence ?
M. G. : La société nord-irlandaise est engagée dans l’application des accords de paix du Vendredi Saint (signés le 10 avril 1998, NDLR). Ces accords reçoivent une adhésion de la majorité de la population. Le gouvernement d’union fait en sorte de faciliter l’égalité des droits pour chaque Nord-Irlandais, qu’il soit catholique ou protestant.
Pour autant, des difficultés existent encore entre les communautés, mais elles ne suffisent pas, à elles seules, à expliquer ces attaques. Tous les pays rencontrent ce genre de problème, mais tous ne subissent pas d’attentats.
Après 30 ans de guerre civile, les divisions politiques sont plus fortes que jamais. Chaque communauté vote pour ses extrêmes, mais il s’agit là d’oppositions politiques qui n’ont rien à voir avec une reprise des armes pour tuer. Pour l’ensemble de la population, ces oppositions doivent se résoudre par des compromis, non par l’élimination des adversaires. L’Irlande du Nord n’en est plus là.
FRANCE 24 : Ces attentats vont-ils remettre en cause le processus de paix ? Faut-il y voir un renforcement de ces groupes ?
M. G. : Non, ils ne devraient avoir aucune conséquence sur le processus de paix. Ce qui est important, c’est de mesurer le soutien apporté par la population à ces groupes. Et l’ensemble des Nord-Irlandais ne comptent pas remettre en cause l’accord de paix. Il ne faut pas surestimer ces groupes dissidents. Ils sont trois, composés, tout au plus, d’une dizaine de personnes chacun.