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Vendredi à Paris, en présence de nombreux chefs de la diplomatie, dont Hillary Clinton, François Hollande a appelé une centaine de pays à durcir les sanctions contre Damas. Il a aussi demandé à l'ONU d'agir "le plus vite possible".

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AFP - Le président français François Hollande a appelé une centaine de pays à adopter des sanctions plus fortes contre Damas et demandé à l'ONU d'agir "le plus vite possible", à l'ouverture d'une conférence sur la Syrie vendredi à Paris.

Cette troisième conférence des Amis du peuple syrien, qui rassemble des pays arabes et occidentaux favorables au départ du président Bachar al-Assad, s'est ouverte au moment où une source proche du pouvoir en Syrie annonçait la défection il y a trois jours d'un très haut gradé, le général Mounaf Tlass.

Qualifiant d'entrée le bilan en Syrie de "terrible et insupportable pour la conscience humaine", M. Hollande a dans son discours inaugural appelé les participants à prendre "cinq engagements" concrets pour faire pression sur Damas.

Il a appelé à prendre cinq engagements concrets: "le refus de toute impunité pour les crimes", "l'application réelle et effective" de sanctions économiques et financières, "le renforcement" du soutien à l'opposition "en lui fournissant tous les moyens, notamment ceux de la communication", "l'organisation d'une aide humanitaire efficace", "la promesse" de l'aide à la reconstruction du pays.

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"Une démonstration de force par le nombre"
À Paris, pays occidentaux et arabes font pression sur Damas

Le président français a aussi demandé aux participants "d'encourager le Conseil de sécurité" de l'ONU "à prendre le plus vite possible des dispositions pour mieux soutenir le plan de sortie de crise" de l'émissaire international Kofi Annan.

Le plan Annan adopté en mars prévoit un cessez-le-feu censé entrer en vigueur le 12 avril et un dialogue politique mais il n'a jamais été appliqué par Damas qui l'a pourtant accepté.

Les Occidentaux estiment qu'il doit être gravé dans le marbre onusien et rendu contraignant. Selon eux, il faut qu'il soit contenu dans une résolution du Conseil de sécurité sous chapitre VII de la charte de l'ONU, c'est-à-dire prévoyant des sanctions ou un recours à la force contre ceux qui ne la respecteraient pas.

"L'arrêt de la violence exige une résolution du Conseil de sécurité sous le chapitres VII", a également insisté le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi.

Le président français a aussi estimé que l'accord de Genève sur une transition politique adopté le week-end dernier par tous les membres permanents du Conseil de sécurité constituait "un pas dans la bonne direction". Cet accord prévoit un nouveau gouvernement comprenant des représentants du régime et de l'opposition sans toutefois mentionner le départ du président syrien.

Mais à chaque fois les Occidentaux butent sur la position de la Russie et de la Chine opposés à un départ forcé du dirigeant syrien. Moscou et Pékin qui boycottent cette conférence ont déjà dit leur refus d'une résolution coercitive à l'ONU. Ils maintiennent également après l'accord de Genève qu'il revient aux Syriens de déterminer leur avenir alors que selon Paris et Washington ce document donne des garanties pour une transition sans Assad.Le président français s'est directement adressé à ces deux pays.

"Je veux m'adresser à ceux qui ne sont pas là. Au moment où nous en sommes de la crise syrienne, il n'est plus contestable que cette crise est devenue une menace pour la paix et la sécurité internationale", a-t-il averti.

Le Conseil national syrien (qui rassemble la majeure partie des courants de l'opposition), également invité à cette conférence, a de nouveau appelé les Amis du peuple syrien à une intervention militaire étrangère.

"Il faut prendre toutes les mesures afin d'établir une zone d'exclusion aérienne et des corridors humanitaires", a martelé le président du CNS Abdel Basset Sayda.

"Le régime est en train de tomber, de perdre le contrôle du territoire", a poursuivi M. Sayda alors que selon des diplomates européens le rapport de force entre les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) a évolué depuis quelques semaines, tandis que les désertions d'officiers syriens se sont multipliées, à l'image de la dernière en date, celle de Mounaf Tlass, ami d'enfance du président syrien.

Alors que les efforts diplomatiques n'ont jusqu'ici pas payé, de plus en plus d'analystes estiment que c'est la situation sur le terrain qui changera la donne.

En près de 16 mois de conflit le bilan meurtrier de la répression et des combats a fait plus de 16.500 morts essentiellement des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).