Au lendemain de leur victoire contre l'Italie en finale de l'Euro-2012, les joueurs de la Roja sont rentrés au pays en héros, ce lundi, apportant un rayon de soleil à une population durement touchée par la crise.
AFP - L'Espagne euphorique a fait lundi un triomphe à la Roja, son équipe de football de légende rentrée d'Ukraine après avoir surclassé dimanche l'Italie 4 à 0 en finale de l'Euro-2012, et réalisé le rêve de tout un pays: remporter la "triple couronne".
La marée humaine en rouge et or, les couleurs nationales, a envahi dans la soirée le centre de Madrid, dans la cacophonie des pétards, le hurlement des hauts-parleurs, pour acclamer le bus à impériale transportant les joueurs, qui se frayait un chemin au ralenti, sur les avenues noires de monde.
Aux cris de "campeones campeones, ohé ohé ohé", la foule s'époumonne lorsque s'approche le bus. Sur le toit, les stars de la Roja en maillot rouge saluent de la main, savourent la victoire.
Les aficionados, drapés dans le drapeau espagnol, tendent les mains, comme pour toucher leurs idoles. Les parents hissent les enfants sur leurs épaules.
"Cela n'arrive pas plus que tous les quatre ans. Pour les enfants, c'est un souvenir inoubliable", lance, juste après le passage du bus, Jaime Barea, 42 ans, accompagné d'une petite colonie de 14 enfants, les siens et ceux d'amis, tous vêtus du maillot rouge.
"Quand j'étais petit, je n'ai jamais eu une occasion comme celle-là. L'Espagne a passé 40 ans sans gagner".
Sur la place de Cibeles, le point d'arrivée du parcours, certains profitent des lances à eau des pompiers pour se rafraîchir, dans la chaleur étouffante, autour de la statue de la déesse Cybèle qui porte, drapé sur ses épaules, le drapeau espagnol.
C'est là qu'une scène géante a été montée, pour accueillir la fête de lundi soir.
Arrivé dès la mi-journée pour être sûr de garder une place en première ligne, José Abad, 33 ans, attend avec une fausse coupe d'Europe en aluminium à ses pieds.
"Je suis au chômage et cela te libère un peu des tensions, cela t'évite de penser à si tu as du travail ou non", explique José, ancien employé du secteur transport, au chômage depuis mars.
Quelques heures plus tôt, Iker Casillas, le capitaine et gardien de but, en maillot rouge, levant au ciel le précieux trophée, était sorti le premier de l'avion qui venait de se poser sur l'aéroport de Madrid.
Derrière lui, le sélectionneur national, Vicente del Bosque, suivi par toute l'équipe.
Reçus par le roi
"Nous sommes contents, heureux du succès que nous avons remporté", a lancé Casillas. "C'était difficile et nous y sommes parvenus".
"Je crois que nous avons mérité ce titre", a ajouté le milieu de terrain Xabi Alonso. "Nous sommes très heureux et avons très envie d'arriver et de partager avec tout le monde."
Puis les joueurs ont gagné le Palais de la Zarzuela pour être reçus en audience par le roi Juan Carlos.
Un à un, ils ont salué le roi, sa fille aînée, l'infante Elena, le prince héritier Felipe et la princesse Letizia, ainsi que leurs deux petites filles, Sofia et Leonor, vêtues du maillot de la Roja.
Avant la photo de famille sur les marches du palais, Juan Carlos a rendu hommage "au travail", "à l'engagement" des joueurs, avec une mention spéciale pour Vicente del Bosque.
Depuis la veille au soir, les supporteurs, fébriles, attendaient leurs champions qui, à Kiev, n'ont pas seulement remporté une impressionnante victoire sur l'Italie.
Les joueurs de la Roja ont aussi réalisé un exploit jamais vu: aligner trois titres consécutifs, lors de l'Euro-2008 contre l'Allemagne, du Mondial-2010 contre les Pays-Bas, puis de cet Euro-2012 grâce aux quatre buts de David Silva, Jordi Alba, Fernando Torres et Juan Mata.
La presse lundi se répandait en superlatifs, louant "l'Espagne invincible", et soulignait aussi que la victoire tant attendue aura offert au pays une parenthèse bienvenue, en pleine crise économique.
"Ils nous ont fait oublier de nouveau pendant de nombreuses heures la crise galopante que traverse l'Espagne, l'odieuse +prime de risque+, le violent chômage frappant cette jeunesse espagnole qui les idolâtre", expliquait le quotidien catalan Mundo Deportivo.