
L'opposante birmane Aung et Prix Nobel de la paix San Suu Kyi est arrivée à Paris ce mardi pour une visite de trois jours, dernière étape d'une triomphale tournée européenne. Elle est désormais attendue à l'Élysée par le président François Hollande.
AFP - L'icône de la démocratie birmane, Aung San Suu Kyi, a entamé mardi à Paris une visite de trois jours qui sera marquée par un entretien avec le président François Hollande et des rencontres avec des ONG et des étudiants.
La chef de file de l'opposition birmane est arrivée en début d'après-midi en train dans la capitale française, dernière étape d'une tournée européenne triomphale, en provenance de Londres. Accueillie par le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, la "Dame de Rangoun", souriante et vêtue de rose et de turquoise, des fleurs dans les cheveux, devait dîner dans la soirée avec le chef de l'Etat français.
"Aung San Suu Kyi est reçue avec les formes dues à son histoire, passée et présente", a expliqué un diplomate français. Et la France déroule le tapis rouge pour la prix Nobel de la paix, accueillie selon un protocole habituellement réservé aux chefs d'Etat.
La France veut renouveler, à travers cette visite, son soutien à l'opposante mais aussi dire sa disponibilité et celle de ses entreprises pour participer à la reconstruction d'un pays malmené par des décennies de dictature militaire.
"Sa visite est un signal fort de reconnaissance pour l'ensemble du pays, qui l'a soutenue depuis plus de vingt ans, quelle que soit la majorité au pouvoir à Paris. (...) Le président Hollande s'est engagé personnellement à ses côtés, il est très heureux de la recevoir", dit-on à Paris.
On souligne aussi, de source diplomatique, que "la Birmanie est un pays qui change" et que Paris veut envoyer "un message de confiance dans l'avenir", en dépit de récentes flambées de violences dans certaines régions de l'ouest et du nord.
"Notre démarche, c'est d'encourager les entreprises (à investir) dans les différents secteurs importants pour la population (santé, agriculture)", explique cette source, relevant aussi le besoin crucial d'une "politique énergétique" en Birmanie.
A cet égard, Paris justifie pleinement la présence du pétrolier Total - présent en Birmanie depuis 1992 et critiqué dans le passé par des ONG reprochant au groupe français d'enrichir la junte -, rappelant que Mme Suu Kyi elle-même avait récemment "relevé que Total était une entreprise +responsable+".
La France ira-t-elle, dans son désir d'accompagner la transition en Birmanie jusqu'à inviter son président, l'ancien général Thein Sein, comme l'a fait la Grande-Bretagne il y a quelques jours ?
L'incertitude demeurait mardi. Paris n'est "pas choqué" par la démarche britannique, rappelant que la plupart des sanctions européennes visant la Birmanie avaient été levées en avril (pour un an), mais se borne à dire que François Hollande "confirmera l'engagement" de la France dans ce pays.
Bien que la communauté birmane ne soit estimée qu'à quelques centaines de personnes en France, ce pays reste celui "des droits de l'Homme", "un symbole dans le coeur des Birmans", a dit à l'AFP Pierre Martial, président de l'association France Aung San Suu Kyi, qui souhaite que Paris "s'engage très concrètement dans l'aide à la société civile birmane".
Aung San Suu Kyi avait entamé le 13 juin en Suisse une tournée en Europe, où elle n'avait pas mis les pieds depuis 1988. Cette année-là, elle était rentrée dans son pays pour se rendre au chevet de sa mère malade et ne l'avait plus quitté, rapidement placée en résidence surveillée par la junte.
Le 16 juin à Oslo, elle a prononcé son discours d'acceptation du prix Nobel de la paix, 21 ans après avoir reçu la distinction. La lauréate a appelé à la réconciliation nationale, à la libération de tous les prisonniers politiques et réitéré son "optimisme prudent" dans la transition politique en Birmanie.
Aung San Suu Kyi quittera Paris vendredi.